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Cet ouvrage collectif aborde plusieurs questions importantes liées à la thématique de l’équité en éducation. Les trois premiers chapitres présentent des résultats de recherche qui montrent comment se pose la question de l’équité en éducation dans les milieux défavorisés. Le premier chapitre traite de la perception de l’école par les parents de ces milieux et comporte des pistes pour favoriser leur participation. Le second chapitre aborde une question plus pointue, celle de l’intérêt pour les sciences des jeunes issus de ces milieux : des expériences d’activités parascolaires à caractère scientifique influencent positivement l’intérêt de ces jeunes pour les sciences. Dans le troisième chapitre, on tente d’expliquer pourquoi le taux d’abandon scolaire des garçons de milieux défavorisés est sensiblement plus élevé que celui des filles, et on propose des mesures susceptibles de diminuer l’échec et l’abandon scolaire, tant pour les filles que pour les garçons.

Le quatrième chapitre aborde une autre facette de la problématique de l’équité : la discrimination que subissent souvent les élèves handicapés. Les éducateurs ne fournissent pas toujours à ces élèves les accommodements auxquels ils ont droit, créant ainsi une iniquité à leur égard.

Les derniers chapitres mettent en lumière des défis particuliers posés par l’équité en contexte de diversité culturelle. Dans le cinquième, l’auteure souligne l’importance de développer une identité positive chez l’enfant issu d’une minorité culturelle et propose quelques mesures susceptibles d’y contribuer. Le sixième chapitre aborde la question de la discontinuité culturelle entre l’école et certaines minorités. S’inspirant des travaux de J. Ogbu, les auteures fournissent une description très éclairante de cette discontinuité et en montrent les conséquences pour les élèves de la communauté haïtienne à Montréal et ceux de la communauté noire à Toronto. Dans le dernier chapitre, on présente les résultats d’une recherche sur les facteurs qui expliquent la difficulté des facultés d’éducation à recruter des candidats issus des communautés culturelles dans les programmes de formation à l’enseignement et on formule quelques pistes pour faire face à ces difficultés.

Les deux premiers chapitres de cet ouvrage fournissent des données particulièrement éclairantes sur les problèmes d’équité dans les milieux défavorisés et sur des moyens de fournir aux enseignants qui travaillent dans ces milieux des outils pour faire face à ces problèmes. Le dernier chapitre apporte également des informations très pertinentes sur les difficultés de recruter des enseignants dans les communautés culturelles. Cependant, le chapitre le plus intéressant est sans doute le sixième. Le décalage important qui existe entre la culture de l’école et celle de certaines minorités culturelles constitue certainement un aspect essentiel de la problématique de l’équité en éducation. On peut toutefois s’étonner qu’un ouvrage qui vise à former à la problématique de l’équité et aux modalités de mise en place de pratiques équitables (p. 18) ne fasse aucune référence aux travaux d’Élizabeth Cohen et de son équipe de l’Université Stanford. La forme particulière d’apprentissage en coopération qu’elle propose, l’instruction complexe, fournit en effet aux enseignants des moyens puissants pour réaliser les conditions de la classe équitable.