Recensions

Campbell, G. et Lohka, E. (2007). Littérature de jeunesse et fin de siècle... Winnipeg, Manitoba : Presses universitaires de Saint-Boniface.[Notice]

  • Geneviève Falaise

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  • Geneviève Falaise
    Université du Québec à Montréal

Réunis dans ce collectif, les 14 textes ont d’abord été présentés en 1999 lors du colloque conjoint de la Société internationale de recherche en littérature de jeunesse et de la Children’s Literature Association, tenu en Alberta. Parmi ces articles qui nous informent sur l’état des lieux de la littérature de jeunesse au tournant du siècle [...] (p. 30), nous en avons retenu six, qui nous semblaient les plus étoffés. Dans la première section, De la production à la critique : le cas de la littérature de jeunesse au Canada, Dominique Demers révèle, avec humour et sensibilité, son parcours atypique qui l’a amenée à devenir écrivaine pour enfants, et partage neuf secrets d’écriture. Ainsi, bien qu’aucune recette ne soit infaillible, plus un auteur tente de raconter un récit subversif, de manière intense et vraie, en s’inspirant des lieux psychologiques [...] qui définissent et particularisent l’enfance (p. 16), plus son texte accrochera les lecteurs. L’approche sémiotique de Johanne Prud’homme, où le dispositif coeur est mis en lumière afin de mieux cerner le caractère des personnages, permet une relecture fascinante de la première oeuvre canadienne-française dite « intentionnelle » [...] pour la jeunesse (p. 43) : Les aventures de Perrine et de Charlot. De son côté, Claude Romney affirme que les Contes pour enfants de Gabrielle Roy portent en eux les germes essentiels pour devenir des classiques pour la jeunesse. Les qualités d’écriture de ces quatre textes réunis par François Ricard, leur côté optimiste et sécurisant, leur humour subtil, ainsi que les illustrations qui les accompagnent, sauront charmer, après les adultes, les enfants. Dans la deuxième section, Pluralité de genres et nouvelles approches, le texte de Claire Le Brun se distingue par l’abondance et la diversité des exemples fournis (un survol de sa bibliographie est recommandé !). Dans l’édition jeunesse, l’auteure observe en fait, des années 1980 à 2000, l’évolution des types de récits de science-fiction, comme les récits dystopiques, et des thèmes (ex. : danger nucléaire, bioéthique ou réalité virtuelle). Pour sa part, Danielle Thaler soulève des questions pertinentes quant au genre paradoxal qu’est le roman historique pour jeunes. Afin que les lecteurs d’aujourd’hui puissent adhérer à un tel type de récit, ils doivent pouvoir s’identifier aux personnages d’une autre époque, ce qui entraîne souvent le sacrifice de la vraisemblance des mentalités du passé au profit de héros qui regardent du côté du présent (p. 120). Dans la troisième et dernière section, Promouvoir la lecture chez les jeunes : développement de stratégies au Québec, Noëlle Sorin met à la disposition des enseignants une grille d’analyse afin de mieux juger de la littérarité d’une oeuvre en littérature jeunesse. Inspiré de la sémiotique, cet outil ne peut que favoriser la conception d’activités visant l’apprentissage de la lecture littéraire chez les jeunes lecteurs, lecture qui les aidera à élargir leur vision du monde et leur permettra l’apprentissage de la littérature (p. 150). Finalement, même s’il a paru avec quelques années de retard, cet ouvrage propose, pour la plupart, des textes éclairants en littérature de jeunesse, une littérature qui partage, rappelons-le, des frontières floues et mouvantes (Demers, p. 23) avec la littérature adulte.