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Cet ouvrage comprend un ensemble de contributions que l’auteur a déjà publiées ou utilisées comme support à un enseignement depuis le début des années 1980 sur divers aspects de la sociologie du curriculum, cette branche de la sociologie de l’éducation qui a trait aux modes de sélection, d’organisation et de programmation des contenus d’enseignement.

La première partie comprend trois chapitres consacrés à la recension d’écrits, surtout d’auteurs anglophones, relatifs à ce domaine d’investigation, et à un approfondissement réflexif et critique. On se rappellera que l’auteur a été un des premiers sociologues francophones contemporains à renouer, au début des années 1980, avec ce thème de recherche initié par Durkheim dans L’évolution pédagogique en France, et à en démontrer la pertinence dans le contexte actuel. Dans cette partie, il s’emploie à circonscrire la notion de curriculum, à reconstituer les principales orientations de l’approche sociologique du curriculum et à en faire ressortir les principaux enjeux. Il décrit l’évolution du mouvement de pensée, la nouvelle sociologie de l’éducation, qui, en Grande-Bretagne, a fortement contribué à mettre cet objet de recherche à l’avant-scène. Il met en relief l’apport d’autres travaux, notamment ceux sur l’histoire des matières scolaires et le curriculum caché, de même que la contribution de chercheurs français.

Dans la deuxième partie, l’auteur explore différentes avenues pour un élargissement possible de la problématique sociologique du curriculum, d’abord en lien avec des travaux de didacticiens et d’historiens au sujet de la culture scolaire et de la forme qu’elle prend à la suite de la transposition didactique. D’autres avenues de recherche ont trait à la transmission d’une culture commune et au multiculturalisme au sein du système éducatif. Enfin, il rend compte du vif débat sur le relativisme que la nouvelle sociologie de l’éducation avait suscité en faisant le postulat que le curriculum est une construction sociale dont la forme est un enjeu de pouvoir et en reflète la distribution dans la société.

La juxtaposition de ces contributions, qui n’ont pas été conçues au départ comme des chapitres d’un même volume, n’est pas exempte de redites, ni de redondances. Toutefois, dans l’introduction, l’auteur expose la logique qui a présidé à leur inclusion dans ce recueil. Sa reconstitution du champ d’études est fort bien documentée. En outre, il réussit à en donner une image cohérente, à en mettre à jour les enjeux théoriques et épistémologiques et à bien le situer par rapport à la sociologie de l’éducation et à des domaines connexes (sociologie de la connaissance et de la culture, histoire et philosophie de l’éducation). L’ouvrage est servi par une remarquable capacité de synthèse de la pensée des auteurs qui ont contribué à son développement, et d’analyse réflexive à la fois des apports et des limites de leurs analyses. Cependant, le contenu y aurait gagné si, dans une conclusion, l’auteur avait résumé l’essentiel des jugements qu’il porte dans les divers chapitres sur l’état du domaine de recherche. Chercheurs en éducation, étudiants et praticiens de l’éducation trouveront dans cet ouvrage des outils d’analyse qui les feront accéder à une meilleure compréhension non seulement du curriculum, mais des finalités et de la dynamique des systèmes d’éducation.