Recensions

Cherblanc, J. et Rondeau, D. (sous la direction de). (2010). La formation à l’éthique et à la culture religieuse – Un modèle d’implantation de programme. Québec : Les Presses de l’Université Laval[Notice]

  • Luc Desautels

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  • Luc Desautels
    Cégep régional de Lanaudière à L’Assomption

Comme l’équipe de direction le signale en introduction, l’ouvrage fait suite à une table ronde qui s’est tenue à l’Université du Québec à Rimouski – Campus de Lévis, en avril 2008, sous le thème Les universitaires et la formation en éthique et culture religieuse. Les onze auteurs et auteures qui contribuent au livre ont été, à un moment ou à un autre, responsables de la formation en Éthique et culture religieuse dans leurs régions respectives. Ils partagent leurs réflexions sur l’expérience qu’ils ont vécue de ce modèle inédit de formation régionalisée, dans le contexte d’une implantation simultanée de ce programme d’éthique et de culture religieuse dans les écoles primaires et secondaires du Québec à l’automne 2008. Chacun était invité à prendre un peu de recul pour évaluer cette formation et à faire un retour sur sa propre contribution d’universitaire. Le risque principal d’un tel objectif de publication réside dans la redondance qu’il peut induire ; par exemple, si chacun reprend les grandes caractéristiques du programme d’Éthique et culture religieuse ou campe le contexte de formation plutôt difficile que d’autres ont déjà exposé : domaines de formation, énoncés des compétences, interférence avec le débat social sur les accommodements raisonnables, critiques médiatisées à l’égard du programme, diversité des attentes et des connaissances préalables des participants, pression indue en raison de l’échéance rapprochée de l’implantation, etc. Ce risque n’a pas été complètement évité ; cependant, il en résulte aussi des conséquences positives, car le lecteur est mieux à même de saisir l’ampleur du défi que s’est imposé la société québécoise, et de constater à quel point le modèle traditionnel de la formation universitaire y a été mis à l’épreuve. Plusieurs auteurs et auteures soulignent en effet combien le travail en partenariat, au-delà de la perte de contrôle déstabilisante pour la personne qui enseigne, constitue une occasion féconde de mieux s’arrimer aux besoins des participants : les experts nourrissent la démarche des apprenants et la formation peut alors se co-construire dans un climat de coopération. À cet égard, on lira avec profit la finale de l’article de Lebuis (chapitre 2) ainsi que les analyses de Lavoie (chapitre 3) et de Cherblanc (chapitre 4). D’ailleurs, l’analyse réflexive de leur propre pratique par les formateurs et les formatrices constitue certainement l’un des points forts de l’ensemble du volume. Un autre point fort tient au retour critique sur la formation dans chacun des trois domaines du programme, retour confié aux soins particuliers d’une auteure ou d’un auteur spécialiste. De l’article de Jeffrey (chapitre 5) dévolu à l’éthique, le lecteur retiendra surtout la pertinence des questions critiques posées quant à la neutralité professionnelle exigée des enseignants d’Éthique et culture religieuse. De celui de Colomb sur le dialogue (chapitre 6), le lecteur se régalera particulièrement de l’usage de la distinction entre le dialogue argumentatif et le dialogue suspensif. Enfin, de l’article d’Estivalèzes (chapitre 7) consacré à la culture religieuse, le lecteur appréciera ses considérations sur l’épistémologie de la religion et ses limites ainsi que celles sur l’exigence d’impartialité plutôt que de factice neutralité.