Corps de l’article

Cet ouvrage examine le mentorat sous l’angle du développement et de la croissance de la personne en contexte de la vie professionnelle. En première partie, constituée des quatre premiers chapitres, le mentorat est présenté selon une expérience intergénérationnelle, comprise de l’entrée dans le monde adulte au mitan de la vie. Il est notamment question des difficultés et des tâches liées à l’entrée dans le monde adulte, du concept du rêve de vie (Levinson, 1978) de l’exercice de la générativité ainsi que de la relation mentorale. En deuxième partie, dans les chapitres 5 et 6, le lecteur est convié à l’examen du processus de mentorat avec l’évolution de la relation mentor-mentoré et les phases du concept de liminalité défini selon l’espace transitionnel de la relation mentorale. La troisième et dernière partie, qui regroupe les chapitres sept, huit, neuf et dix, aborde les questions pratiques : le choix du mentor, les buts poursuivis par les différents milieux, les effets positifs et négatifs, les programmes de mentorat. En conclusion, l’auteure rappelle le besoin de mentors capables de relations interpersonnelles matures, tout en insistant sur la responsabilité de la filiation qui échoit à la génération du mitan de la vie. En épilogue, une biographie commentée d’Erikson complète les fondements théoriques de l’ouvrage.

La pertinence du présent ouvrage se justifie par la nécessité de mieux comprendre les apprentissages associés aux périodes de transition de la vie adulte. L’auteure expose la situation de manière claire et convaincante. Une abondante recension des écrits sert fort bien à documenter le caractère dynamique et transitionnel de toute relation mentorale. Au fil des chapitres, particulièrement en première partie, se trace une véritable carte de route d’un parcours mentoral, étayée d’exemples et de récits de vie.

L’argumentation, cohérente et bien construite, s’appuie sur de nombreux concepts (stades de la vie adulte d’Erikson ; mutualité (Gould, 1978) ; liminalité (Stein, 1983) ; modes relationnels (Karpel, 1976) ; relation transitionnelle (Wadner, 1981)). La diversité des exemples illustre et enrichit le propos. L’on compte, entre autres, huit insertions de récits de vie judicieusement utilisés par l’auteure. Soulignons l’originalité de ce travail dans la compréhension de la relation mentorale avec le continuum des typologies du mentorat (développementale, instrumentale ou encore mentorat de carrière ou de vie), les trois pôles de tension, les douze fonctions du mentor.

Certains choix à propos de la structure du texte sont à questionner. Il aurait été souhaitable de regrouper tous les éléments du contexte en début de lecture. Notons, au passage, quelques répétitions entre certaines sections. On observe un certain contraste entre la volonté didactique maintes fois exprimée par l’auteure et la description trop sommaire des exercices. On ne peut que regretter le manque d’élaboration des consignes et l’absence de formulation des buts poursuivis, sauf pour deux exercices (p. 73 et p. 117).

Enfin, il s’agit de la prise de parole d’une auteure majeure du domaine dans cet ouvrage mentor sur l’accompagnement associé aux transitions de la vie adulte. Sans contredit, l’exhaustivité de la recherche et la contribution de nombreux concepts porteurs tout au long des chapitres en font une référence incontournable.