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Qui d’entre nous prend plaisir à subir une évaluation ? Elle s’avère plutôt une source d’anxiété, de stress et de menace, surtout en contexte de certification et de promotion. Comme le suggère le titre, chacun des 17 chapitres de l’ouvrage décrit une forme de menace de l’évaluation vis-à-vis de la performance, de l’estime de soi et des interactions sociales de l’élève. Le traitement des menaces se fait sur divers plans : salle de classe, école, communauté et société et sur divers fronts : pédagogique, psychologique et sociologique. Les menaces décrites comprennent, entre autres, les comparaisons ascendantes, l’illusion d’incompétence, l’utilisation des notes, le style d’enseignement, les attentes des membres du personnel enseignant, l’apprentissage coopératif, les stéréotypes, l’obsession de réussite et la compétition. Tous ces facteurs s’associent principalement à l’évaluation normative et ont des effets néfastes sur l’autoévaluation (par l’élève), la coévaluation (par l’enseignant) et l’évaluation par les pairs. En général, les observations s’appuient sur des recensions rigoureuses d’écrits ou des recherches empiriques menées par les divers collaborateurs de l’ouvrage.

Au début du livre, les auteurs s’interrogent : Si, comme le montrent plusieurs chapitres, l’évaluation normative – la plus utilisée… – produit des menaces qui peuvent amener à l’échec, aux inégalités sociales, aux comportements antisociaux, il faut alors se demander pourquoi on l’utilise (p. 11), et avancent que les propos des collaborateurs inciteront les divers intervenants en éducation à se questionner et à réduire la menace de leurs pratiques d’évaluation. Par conséquent, une fois conscient et convaincu des menaces en question, le lecteur devrait alors pouvoir ajuster, à l’aide de moyens concrets, ses pratiques d’évaluation en fonction des buts visés par l’évaluation. Certains chapitres suggèrent effectivement des pistes claires. Par exemple, un style d’enseignement autoritaire conviendrait mieux aux élèves qui se considèrent peu compétents, tandis que les élèves se jugeant compétents préféreraient le style démocratique (p. 63), et la présentation, aux filles, de modèles de réussite en mathématiques neutraliserait les effets négatifs du stéréotype des filles nulles en mathématiques (p. 133). D’autres, comme les chapitres 4 et 7, qui portent sur la note et sur le jugement scolaire en salle de classe, offrent peu d’options ou de solutions de rechange. De plus, l’accent mis à travers les chapitres sur la comparaison sociale crée parfois de la redondance dans les propos.

Le système d’éducation sur lequel repose l’ouvrage privilégie, en effet, l’évaluation normative ayant comme objet le classement et la sélection. La question posée est donc d’actualité et vient sans doute à l’esprit d’un bon nombre d’intervenants en éducation. Toutefois, l’ajout d’un chapitre mettant en vedette l’évaluation axée sur l’apprentissage et ses bienfaits, telle qu’elle est pratiquée dans certains milieux, aurait montré l’envers de la médaille et probablement offert une réponse davantage équilibrée.