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Cet ouvrage présente une synthèse des travaux sur l’apprentissage autorégulé. L’ambition de ce concept est d’articuler les aspects cognitifs, métacognitifs et motivationnels en jeu dans l’apprentissage à l’aide du concept de volition qui réfère aux stratégies servant à réguler les efforts déployés pour maintenir l’intention d’apprendre. Après avoir explicité ce qu’est l’apprentissage autorégulé (chapitre 1), l’auteur en expose cinq principaux modèles (chapitre 2), puis il propose un cadre théorique reposant sur une synthèse de ces différentes approches dont il dégage les caractéristiques communes (chapitre 3). Les chapitres suivants (4, 5 et 6) sont consacrés à l’explicitation des stratégies d’autorégulation que l’auteur regroupe en trois grandes catégories : les stratégies d’apprentissage, dont la fonction est d’optimiser le traitement de l’information ; les stratégies volitionnelles, qui protègent l’intention d’apprendre en exerçant un contrôle sur les états internes et sur le contexte d’apprentissage, et les stratégies défensives, qui visent essentiellement à protéger l’estime de soi, dénotant l’impact parfois négatif des facteurs conatifs. Dans les deux derniers chapitres, l’auteur examine l’influence du contexte sous l’angle des interactions entre les caractéristiques de la tâche et celles de la personne, puis il en dégage quelques implications éducatives.
L’ouvrage de Laurent Cosnefroy offre aux lecteurs une initiation à un courant de recherches issu de la psychologie cognitive qui tente de relier les composantes cognitives et émotionnelles de l’apprentissage autonome. Il propose une synthèse intéressante des travaux sur l’apprentissage autorégulé et sur le concept de volition dont l’intérêt est de donner à la notion d’effort un sens précis en lien avec le contrôle de l’action et la gestion des émotions intervenant dans la réalisation d’activités d’apprentissage. En insistant sur la diversité et la concurrence des buts en jeu dans une situation d’apprentissage, accroître ses connaissances au prix d’efforts et protéger l’estime de soi, l’auteur montre bien l’influence déterminante de la composante émotionnelle. Ainsi, les stratégies d’autorégulation ne sont pas toutes également efficaces au regard des apprentissages, une régulation efficace du point de vue de la protection de l’estime de soi pouvant nuire à l’apprentissage, comme en témoigne le recours à des stratégies défensives.
Toutefois, l’auteur s’attarde davantage à catégoriser les stratégies en jeu dans l’apprentissage autorégulé qu’à en expliciter les interrelations et la dynamique. Les chapitres 4, 5 et 6 mettent en effet l’accent sur une taxonomie des différentes stratégies, cognitives et conatives, qui interviennent dans la régulation. La synthèse proposée est plus descriptive que critique, et les implications éducatives que l’auteur en dégage demeurent plutôt générales et non spécifiques à l’apprentissage autorégulé. On peut regretter l’absence de point de vue critique et de références à d’autres approches ou paradigmes de recherche. D’autant plus que l’auteur fait quelques clins d’oeil à des concepts issus d’autres cadres d’analyse ; par exemple, le concept de schème, comme l’a élaboré Gérard Vergnaud à partir des travaux de Piaget ou les concepts de tâche et d’activité comme les a définis la psychologie du travail, mais sans s’attarder à expliciter ces liens. L’ouvrage n’en constitue pas moins un outil de référence utile, dont le mérite est de rendre accessible aux lecteurs francophones un courant de recherches essentiellement anglophone.