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L’ouvrage rassemble quinze articles qui proposent de réfléchir à la façon dont l’auteur d’oeuvres littéraires destinées au jeune public se construit, est perçu et (re)présenté dans le milieu éditorial et scolaire. Regroupés en trois parties, ces articles exposent cette problématique sous différents angles. Dans la première, une perspective historique, illustre comment la notion d’auteur pour la jeunesse a évolué dans les pratiques de création, les stratégies éditoriales et l’approche scolaire. Ces mêmes angles sont repris dans les seconde et troisième parties de l’ouvrage, en considérant cette fois des écrivains contemporains. Au fil des articles alternent portraits individuels d’auteurs ou d’auteurs-illustrateurs, démarches de publication mettant en exergue les auteurs ou les effaçant carrément, ainsi que des analyses d’activités destinées aussi bien aux élèves (visite d’auteur dans la classe, pratiques de lecture et d’écriture) qu’aux enseignants eux-mêmes (formations, questionnaires et discussions). Cette vaste exploration se conclut sur les bénéfices et limitations possibles associés à l’introduction de la notion d’auteur dans les pratiques scolaires pour faire découvrir, comprendre et apprécier la littérature de jeunesse par son public-cible.
Malgré quelques coquilles et de rares articles à la lecture plus aride, l’ouvrage dans son ensemble est bien conçu, de qualité et abordable par tous. L’écho constant à l’énoncé du titre dans les articles est très appréciable, car il dénote une forte cohésion dans les réflexions et facilite les rapprochements entre les textes. D’ailleurs, une grande force de ce livre réside dans la possibilité d’en faire plusieurs lectures ; par exemple, avec des articles qui fonctionnent en paires, offrant deux visions différentes de la même question. Une première lecture linéaire est recommandée, toutefois, afin de mieux apprécier ces autres possibilités.
Également, il est à noter que, bien que la démarche soit centrée sur la situation en France, de nombreux articles proposent des réflexions critiques qui semblent se prêter à des transpositions vers d’autres contextes culturels. En effet, à la simple lecture, les questionnements et idées présentés peuvent facilement être élargis et appliqués à d’autres auteurs, d’autres oeuvres. En complément, l’un des intérêts majeurs de ce livre pourrait être de générer une comparaison avec la situation au Québec, par exemple, notamment au sujet des activités développées pour l’enseignement de la littérature jeunesse, pour mieux cerner la problématique du statut de l’auteur et approfondir le débat.
Enfin, au milieu de tout ce contenu fort enrichissant, le lecteur peut voir émerger un concept, peu développé dans l’ouvrage mais qui mériterait, sans doute, de faire l’objet de plus amples discussions : celui de l’enseignant lecteur d’oeuvres jeunesse, invité à réfléchir sur sa propre approche des textes en tant qu’adulte, au-delà de son rôle de médiateur. Les articles soulevant directement cette question font, à notre avis, partie des plus invitants et des plus prometteurs pour les suites à donner au livre, car ils abordent différemment la question de l’influence de l’enseignant.