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Comme le mentionne le titre, cet ouvrage propose une réflexion sur la part de la linguistique dans la compréhension des erreurs, particulièrement orthographiques, des jeunes élèves, et sur ses répercussions dans l’enseignement. Dès la première page, l’alphabet phonétique international (API) est mis de l’avant, permettant ainsi un rappel pour les lecteurs moins familiers avec ce dernier, et facilitant leur compréhension de certains passages ultérieurs. Par la suite, dans l’introduction, Pothier indique la nécessité du « va-et-vient » constant entre la théorie et la pratique. Elle démontre comment l’erreur, lorsqu’on l’analyse à partir de la position de l’élève, prouve la richesse des apprentissages de celui-ci. Par le fait même, elle dénonce la tendance des adultes à oublier que les enfants n’ont pas le même vécu qu’eux, percevant ainsi la réalité autrement.
À l’intérieur des sept chapitres de son ouvrage, Pothier utilise la théorie pour justifier certaines erreurs communes que commettent les élèves, et elle propose des pistes de solution pour guider les enseignants dans leur pratique. Dans le premier chapitre, Pothier distingue la phonologie de la phonétique. Dans le deuxième chapitre, elle explique le phénomène de la linéarité du signe linguistique et montre comment celui-ci contribue à certaines incompréhensions des élèves, notamment pour les notions de syllabe, de mot et de nom propre. Le troisième chapitre montre les problèmes liés à l’arbitrarité du signe linguistique en langue écrite mais aussi en numération. Tout comme pour les autres chapitres, le chapitre quatre, portant sur la polysémie, le chapitre cinq, portant sur les fonctions de la langue, et le chapitre six, portant sur la norme linguistique, permettent de jeter un nouveau regard sur les difficultés des élèves et engagent le lecteur dans une réflexion sur sa propre pratique enseignante. Enfin, le septième chapitre, intitulé « Troquons les trucs ! », dénonce certaines habitudes des praticiens à proposer des « trucs » erronés à leurs élèves, qui n’ont pas leur raison d’être, tel celui portant sur les conjonctions de coordination ou le fameux « ça s’écrit comme ça se prononce ».
Tout acteur de l’éducation, particulièrement celui oeuvrant dans le domaine des langues, auprès des élèves du primaire ou auprès de la clientèle allophone, saura bénéficier de cet ouvrage, à la fois théorique et pratique. Les lecteurs moins familiarisés avec la linguistique ne doivent pas en appréhender la lecture, puisque les écrits de Pothier se lisent aisément. Tout au long de son livre, l’intégration de nombreuses notes en bas de page met en lumière la connaissance profonde qu’a Pothier de son domaine et alimente la curiosité intellectuelle du lecteur. Par ailleurs, bien que cette auteure oeuvre beaucoup en France, elle explicite, à chaque fois que cela est requis, les différences dans l’usage de certains mots en France et au Québec. Enfin, à travers les différentes pages de son livre, l’auteure montre sa préoccupation pour les différences culturelles. Ainsi, les difficultés liées à certaines clientèles spécifiques, par exemple, les hispanophones, sont énoncées, puis justifiées. Un volume à recommander sans aucun doute !