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Le premier chapitre du volume clarifie d’emblée les concepts de globalisation et de mondialisation. Selon Berthelot, cette dernière serait issue de l’idéologie néolibérale, laquelle postule que toutes les sociétés devraient être régies par les règles du commerce et scrutées à travers le seul prisme de l’économie (p. 15). Le problème soulevé est que la libéralisation du commerce international est placée au-dessus de tout autre objectif politique (p. 35). Au chapitre deux, l’auteur montre que, selon le postulat néolibéral, le libre marché est la solution à la détérioration de l’école publique et cela, grâce à la concurrence et, avec elle, le choix de l’école, la décentralisation et l’obligation de résultats. Berthelot apporte l’exemple de plusieurs pays où l’entreprise fait école, où elle finance et soumet, et cela, autant au primaire qu’à l’Université, à tel point qu’il parle de l’industrie de l’éducation (p. 101). Même si la société québécoise a résisté jusqu’à présent, il rappelle les dangers qui visent nos valeurs québécoises d’équité, de justice et de solidarité, ancrées dans les principes de citoyenneté et de démocratie. Enfin, au chapitre trois, Berthelot soumet des propositions pour recentrer l’éducation sur le bien commun (p. 129) : l’égalité entre les sexes, mais aussi entre pauvres et riches, un vivre-ensemble harmonieux des collectivités diverses dans une école laïque, une citoyenneté démocratique plus exigeante, ancrée dans la conviction que tous les élèves peuvent apprendre, une plus juste distribution des élèves entre les classes et entre les écoles, un enseignement privé non subventionné par l’État, comme le recommandait le Rapport Parent, déjà en 1966 !, un meilleur encadrement de la liberté de choix de l’école, etc. Pour terminer, Berthelot suggère des pistes pouvant mener à la réussite, depuis la petite enfance jusqu’à l’enseignement supérieur et la formation continue. En guise de conclusion, retenons l’alternative que l’auteur laisse aux Québécois : choisir entre l’internationalisation du commerce et l’internationalisation de la coopération et de la solidarité.

Ce volume est d’une lecture facile et agréable, malgré les événements historiques non familiers pour un profane. Il a le mérite de remettre en contexte, brièvement et clairement, l’histoire politique de la mondialisation, mais aussi le contexte social de plusieurs pays aux prises avec ce phénomène. Il situe le Québec dans ce mouvement et montre que, malgré ses résistances, il n’y échappe pas. L’alarme est sonnée à point nommé, au terme d’une présentation des faits généralement informative, mais qui se transforme, à l’occasion, en position argumentative. La vaste investigation des sources est tout à l’honneur de l’auteur et de ses recherchistes. La fresque qu’il nous soumet situe bien le Québec dans ce contexte, sinon mondial, du moins occidental. Les références bibliographiques sont nombreuses et bien identifiées, ce qui rend la présentation généralement crédible. Il arrive toutefois, et cela un peu trop souvent, que des propos soient présentés sans citer les auteurs, comme, à la page 123, où Berthelot parle de certains auteurs qui dénigrent l’approche par compétence de la réforme, et cela, sans les nommer. De plus, les références directes ne sont pas toujours relevées dans les références bibliographiques, mais regroupées par thèmes du chapitre. Cela enlève un peu de sa rigueur à l’ouvrage. Dans le contexte où les universités commencent à offrir à tous les étudiants des cours appelés transversaux, dont l’un est la problématique de la mondialisation, ce volume est d’une très grande pertinence. Il est rédigé dans une formulation correcte et simple, et dans un excellent français. Ce livre devrait être donné en lecture obligatoire dans un tel métacours.