Recensions

Peyronie, H. (2013). Le mouvement Freinet, du fondateur charismatique à l’intellectuel collectif. Regards socio-historiques sur une alternative éducative et pédagogique. Caen : Presses universitaires de Caen[Notice]

  • Serge J. Larivée

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  • Serge J. Larivée
    Université de Montréal

D’emblée, ce livre attire l’attention de quiconque souhaite en apprendre davantage sur Freinet et son mouvement. Cependant, le lecteur se rend rapidement compte qu’il ne s’agit pas d’une biographie classique qui retrace chronologiquement les grandes étapes de la vie du pédagogue ni d’un essai faisant état de ses principes et de ses valeurs pédagogiques. Il s’agit davantage d’un essai sociologique qui présente la création du mouvement Freinet sous un regard sociohistorique. Cet ouvrage se démarque aussi par le fait qu’il repose sur une série de textes issus de revues, d’actes de colloque, de chapitres d’ouvrages collectifs qui ont été majoritairement publiés entre les années 1989 et 2007, donc avant et après la mort de Freinet. Toutefois, plus qu’une simple superposition de textes, c’est un travail de mise à jour, de réécriture, d’enrichissement et de confrontation entre les textes plus anciens et ceux plus récents qui donne toute sa richesse au travail de H. Peyronie. Ce livre, qui met en évidence la fondation et la vitalité du mouvement Freinet depuis sa création ainsi que ses effets sociaux et humains, se divise en deux parties : 1) des imprimeurs à l’école moderne : la singularité d’un mouvement pédagogique coopératif, soutien, puis successeur du fondateur charismatique ; 2) la pédagogie Freinet : quels effets sociaux et humains ? Dans la première partie, l’accent est mis sur la fondation du mouvement par Freinet, surnommé le fondateur charismatique, ainsi que sur les valeurs qui le sous-tendent : une école du peuple qui prône la coopération, l’expression libre, l’éducation au travail, le tâtonnement expérimental, la méthode naturelle, la personnalisation des apprentissages, etc. Aussi, on y décrit qui sont les instituteurs Freinet et comment le mouvement relève d’un intellectuel collectif. Dans la deuxième partie, plusieurs aspects sont abordés pour mettre en évidence les effets des pédagogies nouvelles, tel le mouvement Freinet. Plus particulièrement, il s’agit des effets des méthodes d’évaluation de la pédagogie Freinet, des effets sur les élèves selon leur appartenance sociale en matière de savoirs et de savoir-être. Cette partie est d’autant plus intéressante qu’une de ses sections porte sur des adultes anciens élèves de classes Freinet. Les propos mis en évidence confirment l’impact positif tout en mettant en relief que le mouvement Freinet a su maintenir sa popularité et sa crédibilité au fil des ans tout en évoluant et se transformant. Enfin, si l’un des aspects originaux est le travail de construction, voire de reconstruction réalisé par l’auteur à partir de textes plus ou moins récents qui concernent la pédagogie ou le mouvement Freinet, il s’avère que le lecteur néophyte sur ce sujet peut ne pas y trouver son compte. En effet, pour bien apprécier l’ouvrage, qui est caractérisé comme un hommage à Freinet et une contribution à son oeuvre, la lecture d’un des livres présentant de façon classique et chronologique la synthèse de ce mouvement et de la pédagogie sous-jacente est conseillée au préalable. Malgré cela, l’ouvrage de Peyronie demeure riche et pertinent, notamment pour l’ensemble des chercheurs et des étudiants aux cycles supérieurs en sciences de l’éducation.