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Cet ouvrage collectif est la poursuite d’une discussion amorcée dans un premier recueil intitulé Contrôler la qualité dans l’enseignement supérieur. Plusieurs auteurs se sont réunis pour exprimer leurs opinions et pour dresser un portrait de la qualité de l’enseignement supérieur dans différents pays. Les auteurs des chapitres traitent d’enjeux importants (la diversité des pratiques internationales, la recherche de la performance, l’efficacité des dispositifs de qualité, etc.) et abordent, notamment, les principales politiques de qualité dans différents pays d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. Une description, ainsi qu’une critique à l’égard des dispositifs d’évaluation de la qualité et des politiques qui y sont associées sont présentées et mises en relation avec les préoccupations des acteurs du terrain. Les universités ont adopté au fil du temps une posture d’économie de la connaissance qui a influencé les dispositifs d’évaluation de la qualité, dans plusieurs pays. L’utilité et l’efficacité de tels dispositifs de qualité, surtout dans un contexte où il est possible de questionner la nature même du concept de « qualité », sont d’ailleurs discutées dans ce livre.

Cet ouvrage réunit plusieurs points de vue qui lui confèrent un caractère très critique, et qui portent le lecteur à remettre en doute ses positionnements quant à l’évaluation et aux critères de la qualité en enseignement supérieur. La lecture des chapitres s’avère pertinente pour des chercheurs ou des acteurs du milieu universitaire, mais considérant le vocabulaire spécialisé au domaine et le peu de vulgarisation, cet ouvrage est moins adapté pour le grand public. Dans leur succession, les chapitres et les thèmes s’articulent bien et permettent au lecteur de construire, petit à petit, sa compréhension du domaine. Toutefois, les nombreuses répétitions de la définition de la qualité selon les différents auteurs rendent la lecture quelque peu laborieuse. Il faut reconnaître que cet ouvrage est dense et exige une concentration accrue de la part du lecteur. D’ailleurs la présence parfois excessive des notes de bas de page contribue à alourdir le texte. Plusieurs chapitres s’adressent, en ce sens, à des lecteurs aguerris et qui ont déjà une fine connaissance des enjeux en enseignement supérieur.

Les auteurs montrent bien que la course à l’excellence est trop souvent établie par des indicateurs de performance qui devraient être remis en question. Des idées judicieuses sont soulevées dans cet ouvrage collectif. Par exemple, on y aborde la possibilité de trianguler l’évaluation par les étudiants avec celle de l’enseignant ainsi qu’avec les statistiques reliées à l’enseignement. La qualité ne devrait-elle pas s’appuyer sur la satisfaction de toutes les parties ? Les réflexions amorcées dans l’ouvrage sont bien ficelées et ouvrent surtout la porte à des remises en question au niveau des politiques privilégiées à ce jour par les gouvernements et les universités. En fait, cette pratique courante de chercher à ordonnancer les universités n’est-elle pas une dérive pour nos sociétés contemporaines qui visent l’éducation pour tous ? Comment donc s’assurer que les critères établis correspondent bien à ce qui est souhaité pour les étudiants ?