Mebarki, M., Starck, S. et Zaid, A. (dir.) (2016). Expérience et professionnalisation dans les champs de la formation : État des lieux et nouveaux enjeux. Toulouse, France : Octarès Éditions

Comment l’expérience est-elle prise en compte dans les processus de professionnalisation? Cette interrogation qui parcourt l’ouvrage s’inscrit dans la continuité du colloque Expérience et professionnalisation dans les champs de la formation; état des lieux et nouveaux enjeux, organisé par le Centre interuniversitaire de recherche en éducation de Lille (Cirel) du 26 au 28 septembre 2012. Pour y répondre, Mebarki, Starck et Zaid mettent plusieurs auteurs à contribution dans cet ouvrage afin d’étudier précisément le lien entre expérience et professionnalité sous l’angle des transformations éducatives et formatives. Or, l’exercice est loin d’être évident. Cependant, plutôt que de rechercher un consensus qui impliquerait une appréhension nécessairement partielle du recours à l’expérience, les auteurs ont pris le parti d’étudier les multiples tensions que la prise en compte de celle-ci entraîne dans les domaines de l’éducation, de la formation et du travail. Et ce sont justement ces tensions et les problématiques associées qui constituent la porte d’entrée de l’ouvrage. Elles sont structurées selon quatre grands axes : entre expérience vécue et formalisation, entre singularité du sujet et expérience, entre expérience et savoir et entre compétences professionnelles et expérience. Sur la base d’une alternance savamment dosée entre texte théorique et texte empirique, les auteurs proposent ainsi des approches variées du lien expérience-professionnalité, en fonction de leurs propres cadres théoriques et épistémologiques, mais également en fonction des différents domaines d’application. La diversité des approches offre ainsi un tour d’horizon relativement complet de la question, concourant tout d’abord à mieux baliser la notion d’expérience sous l’angle social. Elle permet également d’avancer vers une compréhension plus fine des enjeux sous-jacents. C’est ainsi que la prise en compte de l’expérience est liée aux critiques de la forme scolaire, considérée comme trop déconnectée des enjeux sociétaux, à la question des processus d’individualisation dans les domaines de l’éducation et de la formation, et enfin à la reconnaissance du salarié et de ses activités. L’ouvrage est dense et fouillé. Et une conclusion générale aurait certainement permis de synthétiser le propos et de tisser ainsi des grandes lignes de convergences par-delà la variété des contributions. Toutefois, la lecture est facilitée par la structuration singulière du texte. Et même si la problématique n’est pas nouvelle, Mebarki, Starck et Zaid en proposent un traitement original et développent plusieurs pistes de réflexions aussi pertinentes que nécessaires. Ils révèlent ainsi l’aspect décisif de l’expérience dans les processus de professionnalisation en la plaçant au coeur des questionnements des acteurs de l’éducation, de la formation et du domaine du travail.