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Identité(s)Poème inédit de Gérald Leblanc[Notice]

  • Pierre M. Gérin et
  • Raoul Boudreau

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  • Édition critique établie par
    Pierre M. Gérin
    Université de Moncton

  • avec la collaboration de
    Raoul Boudreau
    Université de Moncton

Grâce à Bibliothèque et Archives Canada, qui détient le fonds Gérald Leblanc, nous avons pu mettre la main sur deux versions d’un poème inédit de cet écrivain. Ce poème traite d’un problème crucial pour tout minoritaire francophone canadien, la question identitaire. Le titre même retient l’attention par sa sobriété, sa richesse sémantique et sa pluralité potentielle : « Identité(s) ». En raison de son contenu, une présentation du poète par lui-même, de la date qu’il porte, le 18 octobre 1999, et du fait que Gérald Leblanc a quelquefois agi comme présentateur des poètes acadiens au Festival international de poésie de Trois-Rivières, nous formulons l’hypothèse que ce poème a pu être lu en 1999 lors de cet événement. Cependant nous n’avons pu confirmer cette hypothèse. Quelle importance cette question identitaire revêt-elle chez un artiste acadien? Comment mène-t-il son auto-questionnement? Comment y répond-il? De quelle(s) identité(s) se réclame-t-il? Quelle est l’histoire de ce poème? Connaît-il plusieurs états du texte? Quel est le rôle dévolu à l’écriture poétique? Voici quelques questions que l’on peut se poser à l’occasion de l’édition de ce texte. Les deux réalisations distinctes de ce poème revêtent la forme d’ordinascrits.  Dans les deux cas, le texte du poème est précédé de la même épigraphe; il est aussi suivi du nom de l’auteur et de la même date, 18 octobre 1999; la police de caractères et la disposition des quatre-vingt-trois vers dans les trois pages sont les mêmes. Cependant, des corrections manuscrites apportées à l’un d’entre eux et intégrées au texte de l’autre permettent de confirmer que ce dernier état du texte est postérieur au premier. Parce qu’il exprime la dernière volonté de l’auteur, c’est celui qui a été retenu comme texte de base. Les deux états du texte sont désignés au moyen des symboles I et II. Les différences observées entre eux justifient une édition critique du poème qui rend compte des différentes phases de sa réalisation. Le collationnement a permis d’établir les variantes qui sont présentées à la suite du texte poétique, et dont la plupart proviennent du premier état : on peut ainsi se rendre compte de l’amélioration que le poète a apportée à sa création initiale. Toutefois, deux ratures effectuées par ce dernier sur les deux états du texte retiennent l’attention (I, v. 27-29; II, v. 31-35) : on assiste à un moment postérieur à chaque rédaction du poème; en corri-geant son oeuvre, l’auteur se livre à une réécriture de son texte. Or, les vers exclus dans le premier cas figurent intégralement dans le second état (cette correction n’est donc plus valide et est devenue périmée), et réciproquement. À examiner le tout de près, on peut remarquer que quatre temps scandent l’écriture du poème : I, IR (réécriture), II, IIR (réécriture). Si l’hypothèse mentionnée plus haut était confirmée, on pourrait penser que l’auteur a apporté ces corrections à la suite d’un geste d’autocensure, prenant une double précaution. D’une part, le poète aurait pris soin, dans la lecture publique hypothétique, de ne pas heurter ses auditeurs québécois. C’est cette version du texte qui aurait fait l’objet d’une diffusion orale restreinte. D’autre part, Leblanc élimine un court com-mentaire (5 vers) sur une appellation utilisée par ses détracteurs canadiens anglais, « Frenchie » (v. 30). Guidés par le principe de l’intégralité du texte, nous avons pensé qu’il était préférable de rétablir tous les vers du second état et de ne pas considérer cette dernière correction comme définitive et irrévocable. Dans la présentation matérielle du poème, il a fallu procéder à quelques corrections du texte : d’abord, celles qui ne sont pas indiquées, dont les deux premières qui ont été …

Parties annexes