Comptes rendus

Dalley, P., et Sylvie Roy, S. (dir.) (2008). Francophonie : Minorités et pédagogie, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa [Collection Questions en éducation], 331 p.[Notice]

  • Julie Bérubé

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  • Julie Bérubé
    Université de Moncton

Le collectif dirigé par Sylvie Roy et Phyllis Dalley réunit un ensemble de réflexions pédagogiques reposant sur la sociolinguistique et l’ethnographie. Les 14 collaborateurs à cet ouvrage ont fourni des textes traitant de divers aspects de l’éducation en milieu minoritaire, selon une perspective canadienne (Ontario, Nunavik, Yukon, Nouveau-Brunswick, Alberta) ou internationale (France, Corse, Maroc). L’ouvrage se subdivise en trois parties : une première, plus théorique, propose diverses pistes de réflexions qui s’articulent autour de la production du savoir et de ses enjeux globaux en éducation des minorités; une deuxième, centrée sur la recherche sociolinguistique, s’intéresse aux conséquences en salle de classe; une troisième, enfin, présente quelques applications en terrain minoritaire des propositions pédagogiques développées dans le cadre du séminaire d’été à l’origine de l’ouvrage. Dans le premier texte, Dominique Foata traite des enjeux générés par l’enseignement bilingue en Corse et discute plus particulièrement de la formation initiale des futurs enseignants de langue et de culture corse. Foata situe d’abord son objet de recherche par une brève mise en contexte géographique et historique de la langue corse et rappelle qu’aucune variété du corse n’est reconnue comme standard, facteur important à considérer lorsqu’il est question de la langue enseignée ou de la langue d’enseignement. En effet, l’enseignement du corse, qui demeure volontaire et non obligatoire, doit composer avec deux mouvements contradictoires : le déclin du corse comme langue première chez les jeunes, malgré la valorisation de celui-ci. Foata souligne que le statut du corse et sa reconnaissance par les établissements d’enseignement ont un impact indéniable sur les représentations (ou images mentales) qu’entretient le personnel à l’endroit de celui-ci et qu’une réflexion critique à ce sujet s’impose dans le cadre de la formation des futurs enseignants. Elle conclut en insistant sur la nécessité de la création d’un office de la langue et l’obtention d’un statut de coofficialité ou de bi-officialité du corse et du français. Nathalie Auger se penche quant à elle sur l’accueil et la scolarisation des enfants nouvellement arrivés en France (ENA), sur la problématique langue = intégration en France et, par ricochet, sur le triptyque école-langue-intégration. La préoccupation principale du ministère de l’Éducation nationale étant d’intégrer au plus tôt les ENA aux classes du cursus ordinaire, un échec de cette intégration se traduit souvent par une orientation de ces enfants vers les classes pour enfants déficients intellectuellement, faute de scolarisation ou de maîtrise suffisante du français. Auger favorise l’idée d’une centration sur l’apprenant, c’est-à-dire analyser les besoins de ces apprenants en classe et inciter les enseignants à prendre conscience de leur propre profil. La réflexion d’Auger vise à éviter une catégorisation, voire une stigmatisation de l’ENA, pour qui le français est une langue étrangère avant de devenir une langue seconde. Le texte de Diane Gérin-Lajoie traite des difficultés pour les enseignants en milieu francophone minoritaire d’assumer la responsabilité d’agents de reproduction linguistique et culturelle. Elle propose une analyse du discours de neuf enseignantes de l’Ontario dont le milieu de travail est caractérisé par une hétérogénéité de la population scolaire (auparavant anglo-dominante, désormais ethniquement diversifiée). Elle s’intéresse en particulier à leur rapport à l’identité, à la langue et à la culture, ainsi qu’à l’influence du parcours personnel des enseignants dans leur tâche. Gérin-Lajoie souligne l’importance d’incorporer à la formation des futurs enseignants une réflexion critique sur le travail en milieu minoritaire, alors que la structure de l’école actuelle est plutôt calquée sur la réalité du milieu francophone majoritaire, en l’occurrence le Québec. Michelle Daveluy aborde la question de la scolarisation en français au Nunavik, où le trilinguisme est institutionnalisé, contrairement à la norme nationale de bilinguisme. En effet, les trois premières …

Parties annexes