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  • André Leclerc

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  • André Leclerc
    Chaire des caisses populaires acadiennes en gestion des coopératives, Université de Moncton

L’adaptation des coopératives au nouveau contexte socio-économique mondial est un thème de recherche qui intéresse les spécialistes de ces questions comme en témoignent les travaux récents de Bakaikoa, Errasti, et Begiristain (2004), Fernández Guadaño (2006), Ory, Gutner et Jaeger (2006), Côté (2007), Davis (2007), Stiglitz (2009), Wanyama, Develtere et Pollet (2009) et Spear (2011). Présenter rapidement, la problématique se pose ainsi. En Acadie, comme ailleurs au pays et dans le monde, les coopératives se sont historiquement organisées en réseaux dans lesquels cohabitent différentes formes d’entités juridiques, par exemple des coopératives locales et des corporations à vocation commerciale spécifique sous contrôle partiel ou total du bloc coopératif de l’organisation, et de contrôle effectif. La structure traditionnelle en pyramide inversée de ces réseaux s’est complexifiée dans le temps pour créer des organisations dont la gestion pose des défis particuliers. Le processus actuel de globalisation des activités économiques ajoute à cette complexité. Comme le souligne Côté (2007 : 72) cet environnement en mutation provoque une crise identitaire profonde chez les coopératives traditionnelles. À la limite, certains analystes se demandent même si la formule coopérative demeure pertinente dans cet environnement global. Ce débat a relancé la recherche sur la différence coopérative et son usage comme stratégie d’entreprise et de gestion. Du point de vue de la population en général, ce qui distingue la coopérative des entreprises capitalistes n’est pas toujours clairement compris. Lorsqu’on tente d’asseoir cette distinction dans les services et les produits offerts, elle peut sembler mince. Un prêt hypothécaire offert par une caisse populaire ressemble à celui offert par une banque à charte. Les denrées alimentaires offertes par une coopérative de consommation ne se distinguent pas de celles offertes par les supermarchés traditionnels. C’est probablement notre côté matérialiste qui ramène la question à ce niveau. Il est vrai qu’un élément de distinction peut exister dans le type de biens et services offerts. Par exemple, les caisses populaires peuvent offrir des services financiers différenciés dans les options de remboursement. Les coopératives de consommation peuvent davantage miser sur des fournisseurs locaux. Mais l’essentiel de la distinction coopérative se situe ailleurs : dans les droits de propriété, dans la structure de gouvernance, dans les relations avec les communautés, dans la façon de régler la distribution des surplus, dans la répartition de la richesse créée par l’organisation, dans le mode de transfert de l’avoir net aux générations futures, etc. Cette distinction se trouve donc dans sa doctrine, dans son mode d’action et dans les résultats de la pratique coopérative. L’ensemble de ces particularités a des implications sur le plan des pratiques de gestion. Ce numéro explore ces pratiques sous plusieurs angles et est structuré en deux blocs de deux et quatre textes. Les deux premiers textes analysent l’évolution d’une innovation institutionnelle dans le monde coopérative, la coopérative à partenaires multiples. Traditionnellement, la relation d’usage définissait le lien qui unissait les coopératives et ses sociétaires. Dans une caisse populaire, les membres de la coopérative sont des épargnants et des emprunteurs. Dans une coopérative de travailleurs, il faut être employé de la coopérative pour en devenir un membre-propriétaire. Dans la coopérative à partenaires multiples, on élargit le sociétariat aux bénéficiaires, aux employés et à des organisations de soutien. On reconnaît que les bienfaits de l’organisation ne se limitent pas aux utilisateurs du service produit par la coopérative, mais aussi à d’autres intervenants dans l’organisation et la communauté. Ce renouveau coopératif trouve son origine en Italie. C’est d’ailleurs à la « coopération sociale » dans ce pays que s’intéresse le texte de Zandonai et Pezzini. Ces auteurs exploitent les plus récentes données disponibles à ce sujet pour analyser les …

Parties annexes