Compte rendu

Hotte, L. et Melançon, J. (dir.) (2010). Introduction à la littérature franco-ontarienne. Sudbury : Éditions Prise de parole, coll. « Agora », 279 p.[Notice]

  • Jimmy Thibeault

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  • Jimmy Thibeault
    Université de Moncton

L’intérêt des lecteurs et des chercheurs pour la littérature franco-ontarienne n’a fait que s’accroître depuis les années 1970, période où se met en place un véritable mouvement littéraire d’affirmation identitaire en Ontario français. On le constate notamment par la vitalité dont font preuve les réseaux de l’édition (les différentes maisons d’éditions, les salons du livre, les revues permettant la diffusion des oeuvres) et du spectacle (les différentes troupes de théâtre, les productions locales, les festivals de musique), mais également par le nombre croissant d’ouvrages universitaires qui, depuis les travaux de René Dionne, particulièrement au cours des années 1990, ont démontré un intérêt certain pour l’ensemble de la production littéraire franco-ontarienne sous toutes ses coutures : étude des genres, des thèmes, des auteurs, des institutions et ainsi de suite. L’Introduction à la littérature franco-ontarienne que présentent Lucie Hotte et Johanne Melançon s’inscrit dans la suite de ce mouvement d’effervescence qui entoure la production littéraire franco-ontarienne en offrant, sous la forme d’une histoire littéraire, une rétrospective des oeuvres et des auteurs marquants de la littérature franco-ontarienne. Pour ce faire, Lucie Hotte et Johanne Melançon, qui signent respectivement un chapitre sur le roman et sur la chanson, en plus de cosigner les textes d’introduction et de conclusion, se sont entourées de spécialistes reconnus chacun travaillant sur les différents genres littéraires : Jane Moss, pour le théâtre, François Paré, pour la poésie, et Michel Lord, pour la nouvelle. Dans une introduction qui s’impose en fait comme le véritable premier chapitre tant par sa longueur – il s’agit d’un texte qui fait près de soixante-dix pages – que par son contenu, d’une très grande richesse, Lucie Hotte et Johanne Melançon proposent une définition claire du corpus littéraire franco-ontarien en le repositionnant de façon magistrale dans le contexte socio-historique qui a conduit à la formation et à l’affirmation, dans les années 1970, des fondements de ce que serait la littérature franco-ontarienne. Si l’année 1970 sert de jalon historique à la « naissance » de la littérature franco-ontarienne telle qu’elle est étudiée aujourd’hui, et qu’elle est présentée dans les différents chapitres de l’ouvrage, on peut en trouver la source dans une histoire plus ancienne qui remonte jusqu’au temps de l’exploration du territoire ontarien. Aussi, les auteures proposent-elles un retour fort pertinent sur les écrits d’avant 1970 dont les auteurs ont parcouru le territoire qui est aujourd’hui celui de l’Ontario et qui en ont fait le sujet de leur production. Cette lecture des premières productions littéraires en Ontario français permet une division de l’histoire littéraire franco-ontarienne en trois grandes époques : la littérature coloniale (1610-1866), la littérature canadienne-française (1867-1969) et la littérature franco-ontarienne (1970 à nos jours). S’ajoute à ce retour historique de la production littéraire d’avant 1970 une mise en contexte des enjeux sociaux (scolaires, politiques et institutionnels) qui ont marqué l’histoire des francophones en Ontario. L’introduction permet donc de saisir d’emblée les problématiques qu’explorent les chapitres de l’ouvrage à travers la production littéraire à partir des années 1970. Bien que chaque chapitre présente un genre précis de la production littéraire franco-ontarienne (théâtre, poésie, chanson, roman et nouvelles), on constate qu’il y a une constante dans l’évolution du discours littéraire : la prise de parole des écrivains, dans les années 1970, correspond à un sentiment d’urgence d’affirmer leur présence sur le territoire ontarien. Jane Moss signale justement que, à ce titre, le théâtre a joué un rôle important dans l’expression culturelle des Franco-Ontariens en ce sens qu’il « s’est vu attribuer comme fonction principale de créer un espace pour l’affirmation de l’âme d’un peuple, de mettre en place un lieu de conscientisation collective qui soit aussi …

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