Recensions et comptes rendusThéologie

Camille Focant, Les paraboles évangéliques. Nouveauté de Dieu et nouveauté de vie (Lire la Bible, 197). Paris, Cerf, 2020, 13,5 × 21 cm, 298 p., ISBN 978-2-204-12978-7[Notice]

  • Michel Gourgues

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  • Michel Gourgues, o.p.
    Faculté de théologie, Collège universitaire dominicain, Ottawa

Dès le premier paragraphe de son introduction, ce nouvel ouvrage sur les paraboles évangéliques rend compte de la signification de son sous-titre : « Sans conteste, ses paraboles (de Jésus) ont bouleversé l’image de Dieu chez ses contemporains. À travers elles, jaillit la nouveauté de Dieu et de nouvelles orientations de vie pour les femmes et les hommes à qui Jésus s’adressait. » (p. 9) Ce qui sera reformulé autrement plus loin : « L’art du conteur est mis au service d’une révélation sur Dieu, une manière nouvelle de le concevoir, qui justifie l’adoption par l’auditoire de nouveaux modes de comportement. » (p. 38) Exégète chevronné, professeur émérite du Nouveau Testament à l’Université catholique de Louvain, l’auteur (dans la suite : A) souligne ensuite deux particularités de son travail. Son approche d’abord : avant tout étudier pour lui-même le texte des paraboles, tel qu’il se présente dans les évangiles, les synoptiques et éventuellement celui de Thomas, en respectant la perspective propre à chacun. Prédominante dans l’étude récente des paraboles, l’approche diachronique portant sur la question des sources et l’effort de reconstitution de la parabole originelle passe ainsi au second plan. L’A. estime en effet que, tout en ayant « fourni des résultats intéressants à un niveau assez général », ce travail, poussé dans les détails, « s’est avéré très conjectural » et « n’a pas vraiment servi une lecture attentive du texte final des paraboles tel qu’il est transmis aujourd’hui dans les évangiles » (p. 10). Seconde particularité : « offrir une interprétation de tous les récits paraboliques sans en omettre aucun » et ainsi « fournir au lecteur un commentaire assez complet et qui permette de se rendre compte des différents genres de paraboles » (p. 11). Le chapitre 1 se concentre entièrement sur la parabole du bon samaritain (Lc 10,25-37). Il est frappant qu’il rejoigne, ce faisant, la démarche de John Paul Meier dans son récent ouvrage sur les paraboles, mais dans une perspective tout autre. Alors que l’exégète américain cherche à montrer que « le bon Samaritain n’a été composé ni par Jésus ni par les transmetteurs primitifs de la tradition orale, mais plutôt par l’évangéliste que nous appelons Luc », l’A. veut illustrer à travers ce récit comment une même parabole peut donner lieu à une diversité d’interprétations (allégorique, historico-critique, sémiotique, psychanalytique). Intitulé « Réflexions théoriques sur la parabole », le chapitre 2 précise d’abord la définition de celle-ci. De cette opération initiale dépendent, comme on sait, l’identification et le dénombrement des paraboles évangéliques, variables d’un auteur à l’autre. Adoptant pour sa part la notion assez classique d’« une comparaison ou une métaphore développée en récit » ou, selon la formule de Paul Ricoeur, « la conjonction d’une forme narrative et d’un processus métaphorique », l’A. repère en conséquence 32 paraboles de Jésus, réparties inégalement selon les auteurs (Marc : 4 ; Matthieu : 17 ; Luc :23) et les sources (triple tradition : 9 ; Q :12 ; source propre à Mc : 1 ; à Mt :8 ; à Lc :14). Après s’être livré au passage à une sévère mise en question de l’application des critères d’authenticité effectuée par J.P. Meier, dont il se demande « s’il ne passe pas à côté du trésor des paraboles et, pire, il pourrait bien en détourner ses lecteurs » (p. 55), l’A. montre comment chacun des évangélistes intègre les paraboles selon une perspective qui lui est propre et dont il retrace les grandes lignes. Les chapitres qui suivent, du chapitre 3 au chapitre 9, d’une longueur variant de 15 à 40 pages chacun, abordent successivement un nombre …

Parties annexes