Recensions et comptes rendusThéologie

Marie-Anne Vannier (dir.), Maître Eckhart, lecteur des Pères latins (Mystiques chrétiens d’Orient et d’Occident). Paris, Beauchesne, 2020, 15,5 × 24 cm, 291 p., ISBN 978-2-7010-2315-1Marie-Anne Vannier (dir.), Maître Eckhart, lecteur des Pères grecs (Mystiques chrétiens d’Orient et d’Occident). Paris, Beauchesne, 2020, 15,5 × 24 cm, 233 p., ISBN 978-2-7010-2326-7[Notice]

  • Louis Roy

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  • Louis Roy, o.p.
    Faculté de théologie, Collège universitaire dominicain, Ottawa

Dans son texte suivant, un texte général sur la place des Pères dans l’oeuvre d’Eckhart, Vannier nous dit d’ailleurs : « Si certaines sources patristiques d’Eckhart sont identifiées dans l’édition Kohlhammer [Die deutschen und lateinischen Werke], d’autres demandent encore à l’être. » Elle ajoute que c’est là justement le projet ANR ; cependant, à en juger par ce volume-ci et par un suivant, qui portera, annonce-t-elle, sur les sources patristiques grecques d’Eckhart, il semble qu’un index des écrits des Pères cités par Eckhart ne soit pas une priorité immédiate pour les directeurs de ce projet. Les Pères latins discutés ici sont : Ambroise, Hilaire de Poitiers, Isidore de Séville, Jean Cassien, Jérôme, Vincent de Lérins et Augustin. Ce dernier est le Père le plus cité par Eckhart (généralement sans donner le nom, évidemment, comme les autres médiévaux le faisaient) et est donc l’objet de nombreuses études dans ce volume. Comme Vannier le note, Augustin et Eckhart étaient tous deux grands lecteurs de l’Écriture. Comme je le faisais remarquer dans des recensions antérieures d’autres ouvrages de Vannier, cette édition-ci comporte certains jugements faux, par exemple : nier, comme elle le fait, que Eckhart était néoplatonicien (p. 9), n’est-ce pas nier également qu’Augustin était néoplatonicien ? (Comme on se le rappellera, Augustin avait absorbé de bonnes doses de platonisme à travers Cicéron et Victorinus, ce dernier ayant traduit des extraits des Ennéades en latin ; voir Les Confessions, passim.) Cette édition-ci se caractérise aussi par une certaine négligence. Juste un exemple parmi bien d’autres : « Celle [la bibliothèque] du couvent des Dominicains, récemment terminé » (p. 11) ; de quel couvent s’agit-il ? Quelques mots sur chacun des collaborateurs de ce volume, dans l’ordre où leurs articles se présentent. On trouve des renseignements intéressants dans l’article de Jean-Claude Lagarrigue intitulé « Les Pères dans l’oeuvre latine d’Eckhart ». Vannier nous offre une seconde contribution, soutenant qu’Eckhart est l’un des meilleurs lecteurs d’Augustin. Markus Vinzent nous documente sur les interprétations des Bekenntnissen (« confessions ») augustiniennes. Jean Devriendt montre qu’après la Bible, c’est Augustin qui s’avère la plus haute autorité dans les sermons latins d’Eckhart. Jean-Claude Lagarrigue nous revient avec la place d’Augustin dans les Paraboles de la Genèse d’Eckhart. Julie Casteigt se penche sur le commentaire eckhartien de Jean 10,14-15. Jana Ilnicka s’intéresse à l’augustinisme dans le manuscrit de Wartburg. Christian Jung se demande s’il est possible de concilier l’illumination augustinienne et la théorie aristotélicienne de l’intellect. Dietmar Mieth compare Augustin et Eckhart sur le thème du diligere Deum et proximum. Régis Courtray offre des commentaires sur Eckhart, lecteur de saint Jérôme. Jean Devriendt nous revient avec l’autorité des Pères dans le procès d’Eckhart. Jacques Elfassi nous présente les sources de la sentence eckhartienne oculus intentio est. Jana Ilnicka nous revient avec Boèce et Eckhart. Silvia Bara Bancel nous emmène chez Suso, dont elle présente sa réception des Pères. Harald Schwaetzer nous présente Nicolas de Cues comme lecteur d’Origène. Finalement, Dietmar Mieth nous revient sur le sujet combiné de la contemplation et de la naissance de Dieu. Comme on le voit, ce recueil d’analyses contient de nombreux aperçus sur les sources patristiques latines de Maître Eckhart, qui sauront captiver bien des lecteurs. Timothy Bellamah nous renseigne sur la connaissance des Pères grecs qu’Eckhart obtint dans la Catena aurea de Thomas d’Aquin, Suivent deux articles, l’un par Theo Kobusch et l’autre par Élisabeth Boncour, sur la naissance du Verbe dans l’âme humaine – un thème central chez Eckhart. Silvia Bara Bancel nous présente Eckhart comme lecteur des Homélies d’Origène sur la Genèse. Philippe Molac traite de …