Camille Laurin — L’homme debout par Jean-Claude Picard, Boréal, Montréal 2003, 561 p.[Notice]

  • Hubert Wallot

…plus d’informations

  • Hubert Wallot
    Télé-université

Quel homme, quel livre ! Au printemps 1998, le Dr Camille Laurin, qui avait préfacé mon livre La Danse autour du fou, avait présenté le livre, au lancement à Louis-H Lafontaine, comme un ouvrage si excellent qu’il devrait être obligatoire pour les étudiants en médecine. Avec mon sens habituel du marketing, je n’avais même pas prévu de photographe (mais un ami eut l’initiative d’agir à ce titre) et encore moins d’enregistrement officiel de la cérémonie. Mais, son soutien me convainquit de lui demander, quelques mois plus tard, de pouvoir faire une entrevue avec lui, éventuellement accompagné du Dr Pierre Migneault. Il était d’accord. J’avais appris qu’il était malade mais je ne me doutais point de quelle maladie et à quel degré et, interrogé à ce sujet, il ne me donna aucune indication susceptible de m’inquiéter, ce qui m’aurait pressé. C’est donc avec stupeur et désarroi, et aussi beaucoup de chagrin que j’ai appris son décès moins d’un an plus tard. Cet ouvrage me console donc, non du décès, mais de l’impossibilité de mon projet d’entrevue. L’ouvrage situe bien la biographie dans le contexte socio-culturel des différentes époques traversées. Sur ce fond bien tissé, la personnalité du Dr Laurin ressort mieux. Il est né en 1922 dans une grande famille d’un milieu rural modeste. Enfant, il excellait en tout, sauf en dessin. Il est néanmoins décrit comme un premier de classe, plutôt distrait, souvent dans la lune et lisant en cachette derrière la classe durant les cours, et il « n’était pas irréprochable au chapitre de la discipline » (p. 33). « Au collège, Camille lisait tout le temps. […] un matin, alors qu’il se dirigeait vers la chapelle en compagnie des autres élèves, il a entendu tout le monde rire autour de lui. Abandonnant momentanément sa lecture, il s’est alors rendu compte qu’il avait quitté le dortoir en oubliant de mettre ses pantalons […] » (Picard, 2003, p. 37)] Étrange familiarité de ce portrait ! Jeune, il était grassouillet sinon gras, ce qui lui valait des taquineries qui ne le laissaient pas indifférent. Ayant envisagé très tôt la prêtrise, ayant même fait un an de grand séminaire, il est simultanément un grand amoureux des femmes, et n’eût été de la règle du célibat pour les prêtres, il aurait sans doute opté pour le sacerdoce et il y a songé à nouveau plus tard à la mort de sa première épouse. « Au collège, Camille lisait tout le temps. […] un matin selon ses collègues, dont le sociologue Guy Rocher, la piété du jeune Camille n’était pas très manifeste, il en parlait peu, il n’était pas un fanatique de la chapelle et discutait peu de la foi ou de ses projet d’avenir. « La règle d’or de mes actions ? Le bon plaisir de Jésus ! » note-t-il dans son journal de collège. Il fut dispensé du service militaire en raison de pieds plats, Il réussit à se faire payer des études classiques. À l’époque, l’élite francophone était nationaliste et très religieuse, inspirée notamment par le chanoine Groulx. Et Laurin en fut imprégné. Chanceux ou habile aux cartes, la légende veut qu’il ait payé ainsi ses études universitaires, ce qui ne serait pas tout à fait vrai, selon le biographe. Il termine ses 5 années d’études médicales avec une moyenne de 87 %, et en quatrième année, il obtient une note de 100 % en gynécologie, en matière médicale et thérapeutique, en neurologie, en psychiatrie et en urologie. Il disait n’avoir néanmoins aucune habileté manuelle. À l’université, il deviendra collaborateur puis directeur du journal étudiant Le Quartier …

Parties annexes