37 ans plus tard : une aventure sous le signe d’un combat[Notice]

  • Yves Lecomte

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  • Yves Lecomte
    Ph.D., directeur du DESS en santé mentale, TÉLUQ
    Cofondateur et directeur de Santé mentale au Québec depuis sa création
    Cofondateur et directeur des revues Filigrane et Revue haïtienne de santé mentale

« Il est temps de partir. » Cette phrase soulève son lot de craintes et d’angoisses quand il s’agit de mettre fin à 37 ans d’investissement intellectuel, émotif et financier. Elle éveille la tristesse associée au fait de ne plus éprouver à l’avenir le plaisir que procure un projet aussi stimulant que la direction d’une revue. Comment y réagir ? Certes, on peut le faire par de l’évitement. Mais il vaut mieux y faire face. Quoi qu’il en soit, se retrouver à un tel carrefour fait naître des émotions de nature diverse, allant de la fierté jusqu’à des regrets de ne pas avoir pu faire mieux ou plus. Mais l’émotion prégnante est l’humilité. Fonder et diriger une revue est un privilège qui doit être partagé avec tous ceux et celles qui ont contribué à cette aventure. Le mérite leur en revient. Une revue est une oeuvre collective, le reflet du milieu dans lequel elle naît et se développe. Sans la participation de ce milieu, elle ne saurait exister. La mission d’une revue est de mettre de l’avant les collaborateurs et collaboratrices, de les soutenir pour qu’ils puissent communiquer et diffuser adéquatement leurs travaux afin qu’ils aient l’impact souhaité, faire reconnaître leur originalité et leur richesse. Une revue digne de ce nom en est une qui sait se mettre au service des divers acteurs du milieu. C’est ainsi qu’elle mérite la confiance qui lui est accordée. Si nous n’avions qu’un seul regret, ce serait celui de n’avoir peut-être pas soutenu tous les acteurs du milieu. Fin février 1976. C’est le moment fort du mouvement québécois de psychiatrie communautaire. Vient d’avoir lieu le premier colloque en santé mentale à l’Hôpital Saint-Luc  intitulé « Psychiatrie de secteur, dix ans plus tard ». Ce colloque a réuni une centaine d’intervenants qui ont présenté divers projets d’intervention communautaire. Les responsables sont confrontés à un défi : comment diffuser ces travaux et poursuivre les échanges ? Pour ce faire, le consensus s’établit sur la nécessité de doter le milieu d’un organe régulier de diffusion, de transfert des connaissances dirait-on aujourd’hui . Ce sera une revue bisannuelle. En y investissant le surplus financier du colloque auquel trois collègues ajoutent une contribution monétaire personnelle, les responsables permettent que l’aventure débute. Le premier numéro est consacré aux actes du colloque. Pour nom de la revue, les responsables choisissent Santé mentale au Québec : Vers une nouvelle pratique (titre originel). Il s’agit d’un nom et d’une orientation d’avant-garde qui mettent l’accent sur la santé mentale avant que ce terme ne s’impose, et qui invitent les collaborateurs et les collaboratrices à s’orienter vers l’innovation, la valeur de notre temps. Les responsables de la revue fixent les objectifs suivants : 1) créer un lieu de rencontres et d’échanges entre les divers professionnels quant aux sujets suivants : élaboration de théories, d’expériences concrètes de travail et de réflexions proprement thérapeutiques ; 2) créer une revue multidisciplinaire ; 3) créer une revue d’animation qui choisisse pour chaque numéro des auteurs différents permettant à plus de gens de s’exprimer. On peut dire que la revue a atteint ses objectifs. Les multiples thématiques traitées rendent compte du premier objectif. La diversité des professions et des disciplines des collaborateurs et collaboratrices représentées dans la revue rejoignent le deuxième objectif. Enfin plus de 2 000 collaborateurs et collaboratrices ont publié dans la revue depuis son lancement. En 1966-1967, des organismes communautaires réalisent une première enquête sociale  sur les problèmes sociaux d’une zone défavorisée de Montréal , suivie d’une autre sur les problèmes de santé mentale. L’enquête conclut à la nécessité de créer des services de santé dans les …

Parties annexes