Résumés
Résumé
Cet article consiste en une enquête ethnographique conduite entre 2015 et 2017 sur une liste de diffusion électronique nommée échanges. Inaugurée en septembre 2012 par le Réseau francophone des biens communs (RFBC), cette liste avait pour ambition de servir d’appui à la constitution d’un « mouvement des communs », que ses initiateurs voulaient « interculturel ». Les auteurs interrogent ici le rôle effectif de l’outil numérique au regard de cet objectif d’« unité dans la diversité ». D’un côté, ils montrent que l’outil numérique a largement contribué au déploiement d’un « mouvement des communs » transverse à différents champs, notamment en soutenant une large activité de mise en réseau, d’échange d’information et de réflexion, mais aussi en permettant à une large communauté de faire l’expérience concrète de ce « mouvement ». D’un autre côté, ils remettent en perspective l’enthousiasme qu’a pu susciter cet outil. D’une part, la liste ne permet pas, en elle-même, l’épanouissement d’une large communauté d’action et de réflexion interculturelle. Son avènement est conditionné par un ensemble de pratiques auxquelles l’outil technique ne pourvoit aucunement (ouverture à l’autre, régulation des échanges, etc.). D’autre part, le recours à une liste de diffusion électronique n’est pas un choix neutre. L’enquête montre qu’il s’inscrit dans une dynamique plus vaste, caractérisée par l’ascendant qu’exerce le « monde du numérique » (ou la « culture libre ») sur la liste. En ce sens, l’article conclu sur la nécessité d’une réflexivité accrue des commoners à l’égard de leurs propres cadres.
Mots-clés :
- communs,
- mouvement,
- numérique,
- ethnographie,
- interculturalité
Abstract
This article consists of an ethnographic survey conducted between 2015 and 2017 on a mailing list named échanges. Inaugurated in September 2012 by the Réseau francophone des biens communs (RFBC), this list was intended to serve as support for the constitution of a “movement of the commons”, which claimed to be “intercultural”. The authors question the effective role of the digital tool with regard to this goal of “unity in diversity”. On the one hand, they show that the digital tool has largely contributed to the deployment of a “movement of the commons” intersecting different fields. It has notably supported a wide activity of networking, exchange of information and reflection but also by allowing a large community to concretely experience this “movement”. On the other hand, they put into perspective the enthusiasm that this tool has generated. Indeed, the list does not allow the flourishing of a broad community of action and intercultural reflection. Its advent is conditioned by a set of practices that goes beyond the technical tool (openness, regulation of exchanges, etc.). Moreover, the use of a mailing list is not a neutral choice. The survey shows that it is part of a broader dynamic, characterized by the ascendancy exercised by the “digital world” (or “free culture”) on the list. In this sense, the article concludes on the need for greater reflexivity of commoners towards their own frames.
Keywords:
- commons,
- movement,
- digital,
- ethnography,
- interculturality
Parties annexes
Bibliographie
- Cefaï, Daniel. 2007. Pourquoi se mobilise-t-on ? Paris: La Découverte.
- Cefaï, Daniel, Alexandra Bidet, Joan Stavo-Debauge, Roberto Frega, Antoine Hennion, et Cédric Terzi. 2015. « Introduction du Dossier « Pragmatisme et sciences sociales : explorations, enquêtes, expérimentations » ». SociologieS, février. http://journals.openedition.org/sociologies/4915.
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