Comptes rendus

Brian Christopher Thompson, Anthems and Minstrel Shows: The Life and Times of Calixa Lavallée, 1842-1891, Montréal-Kingston, McGill/ Queen’s University Press, 2015, 522 p. ISBN 978-0-7735-4555-7[Notice]

  • Mireille Barrière

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  • Mireille Barrière
    Chercheuse indépendante, Montréal

Brian Thompson avoue dans la préface de son livre qu’il possédait des connaissances fort sommaires sur les musiciens canadiens, jusqu’à ce qu’il obtienne un emploi d’été à la bibliothèque musicale de la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) à Toronto en 1993. Les deux livres d’Helmut Kallmann Catalogue of Canadian Composers (1972) et A History of Music in Canada (1960) –, une collection de manuscrits et de partitions ainsi que la biographie de Calixa Lavallée d’Eugène Lapierre alimentent sa réflexion. Toutefois, la lecture de Lapierre soulève chez lui plus de questions que de réponses. Ces doutes sont à l’origine d’une vaste enquête dont résulteront sa thèse de doctorat et la présente biographie. Le titre du livre, que je traduis librement par « Calixa Lavallée et son temps », énonce l’objectif visé par l’auteur : contextualiser la vie et la carrière de Lavallée non seulement au Québec et au Canada, mais dans l’Amérique du Nord musicale au xixe siècle. Dans un premier temps, Thompson soumet la chronologie établie par Lapierre à l’épreuve des faits, principalement par le dépouillement systématique de la presse quotidienne et périodique canadienne et américaine. Il suit littéralement notre « musicien national » pas à pas à partir de ces sources, numérisées pour la plupart, qui nous font découvrir ce bourlingueur avide de réussite, menant de front ses activités d’interprète, de compositeur, de critique, de chroniqueur et d’administrateur. À cette trame événementielle se greffent dans un second temps des données factuelles, que l’auteur tire principalement de fonds d’archives canadiens, québécois, étatsuniens et européens, ainsi que de nombreuses autres sources, y compris les annuaires municipaux du Québec et des villes américaines où le compositeur s’installe. Nous apprenons ainsi, par exemple, quelle était la situation financière du musicien, d’après les caractéristiques socioéconomiques des quartiers qu’il habite. Mais Lavallée, c’est aussi le battant infatigable luttant pour la reconnaissance des compositeurs étatsuniens, partie de sa carrière que Lapierre n’a pu explorer, faute de sources disponibles. En résumé, cette biographie présente le compositeur d’Ô Canada dans toute son humanité. Lapierre disposait en comparaison de sources bien minces, essentiellement locales, excepté les archives iconographiques Bettmann de New York relatives à la guerre civile : témoignages reçus en 1933 de personnes ayant connu le compositeur, rares lettres portant sa signature, articles et coupures de journaux découverts dans six fonds d’archives locaux. La biographie, précédée d’un prologue et suivie d’un épilogue, se divise en trois parties : « On the Road (1842-1873) » couvre sa carrière musicale au Canada et aux États-Unis dans les années 1860 et 1870. La seconde, « The National Musician (1873-1880) », suit son séjour à Paris, son retour au pays et ses activités à Montréal et à Québec, tandis que la troisième, « The Lafayette of American Music (1880-1891) », relate les dix dernières années de sa vie, son installation définitive aux États-Unis et son combat pour la reconnaissance des compositeurs américains. Deux annexes complètent l’ouvrage : le catalogue de ses compositions et la production de cinq de ses pièces. Le titre du livre surprend. Pourquoi écrire « Anthems » au pluriel ? L’auteur insère dans cette catégorie les compositions de Lavallée ayant une portée patriotique, tout en rappelant que la recherche d’un chant distinctif mobilise plusieurs compositeurs avant et après Ô Canada. Calixa, pour sa part, dirige le 28 décembre 1875 la première audition de l’Hymne national canadien-français de Guillaume Couture, sur un texte de Napoléon Bourassa. Célestin Lavigueur met ses propres paroles en musique dans Ô Canada, beau pays, ma patrie. Le marquis de Lorne, gouverneur général du Canada, compose le poème d’un Dominion Hymn, qu’il …

Parties annexes