Résumés
Résumé
Cet article montre comment, depuis L’archangélique ou La haine de la poésie de Georges Bataille jusqu’à La langue et ses monstres de Christian Prigent, les arts poétiques ont très souvent placé la poésie « hors d’elle », comme si elle ne pouvait exister que dans ses propres marges, hors de toute loi, et qu’elle ne pouvait plus se faire qu’à son encontre, se prenant elle-même pour adversaire et n’exultant que dans la colère qui la soulève contre son être, auquel elle oppose quelque chose de plus qu’être, soit une forme de « néantisation » de soi pour mieux mettre en oeuvre les exigences les plus radicales de l’« expérience intérieure », qui est toujours épreuve des limites et de leur au-delà. Il s’agit en outre de voir, dans cet article, comment ce qui s’écrit aujourd’hui sous le nom de poésie, où un « art poétique » implicite s’exprime presque en chaque vers, chaque laisse, chaque phrase, dépend à la fois de cet héritage apoétique et le dépasse dans une pratique qui se situe résolument après « La fin du poème » (Agamben).
Abstract
This article shows how, from Georges Bataille’s The Archangelical or The Hatred of Poetry to Christian Prigent’s Language and Its Monsters, poetic art has very often placed poetry “outside itself”, as if poetry could exist only within its own margins, outside of every law, and could no longer be created except against itself, taking itself as adversary and exulting only in the anger that raises it against its being, to which it opposes something more than being, that is, a form of self-“annihilation” in order to better implement the most radical requirements of “inner experience”, which is always the test of limits and their transcendence. Furthermore, this article reveals how what is written today under the name of poetry, where an implicit “poetic art” is expressed in almost every verse, every strophe, every sentence, both depends on this anti-poetic heritage and surpasses it in a practice that is resolutely situated after “The end of the poem” (Agamben).