Recensions

Understanding E-Government in Europe: Issues and Challenges, sous la direction de Paul G. Nixon, Vassiliki N. Koutrakou et Rajash Rawal, London, Routledge, 2010, 322 p.[Notice]

  • Mathieu Tremblay

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  • Mathieu Tremblay
    Professionnel de recherche au Laboratoire d’étude sur les politiques publiques et la mondialisation de l’École nationale d’administration publique du Québec
    Doctorant à l’Institut québécois des hautes études internationales de l’Université Laval

Au cours des dernières années, la démocratisation à grande échelle des technologies de l’information et de la communication (TIC) a poussé les États à investir massivement dans le développement et la mise en oeuvre de systèmes de gouvernement en ligne (e-government). Les objectifs poursuivis par les gouvernements qui s’engagent dans cette voie sont multiples. D’abord, dans un contexte budgétaire difficile, les TIC renferment un énorme potentiel de réduction des coûts par l’accroissement de l’efficacité dans le traitement des tâches et des opérations administratives. Les TIC sont également considérées comme un outil permettant d’offrir de meilleurs services centrés sur le client, plutôt qu’en fonction de la structure administrative décentralisée de plusieurs administrations publiques. Troisièmement, les gouvernements en ligne détiennent le potentiel de rehausser la transparence gouvernementale et le lien de confiance avec les citoyens. Les initiatives de gouvernement ouvert, par lesquelles les organisations publiques partagent de façon proactive leurs données avec les citoyens par l’entremise d’applications Internet, accroissent leur transparence alors que les nouveaux outils du Web 2.0, tels que les médias sociaux, favorisent l’engagement et la participation citoyenne d’une façon inédite. Enfin, un objectif plus ambitieux consiste à s’appuyer sur les TIC pour moderniser et transformer l’administration publique. Habituées à travailler en silo, les différentes unités administratives, afin de réduire leurs coûts de fonctionnement et de centrer les programmes et les services sur les clients, doivent changer leur façon de concevoir la fonction publique et intensifier leur collaboration et le partage de leurs données tout en respectant les dispositions légales concernant la confidentialité et la sécurité des renseignements personnels de leurs clients. Transformer la culture organisationnelle de structures administratives aussi complexes constitue un défi de taille et les TIC en sont souvent la pierre angulaire. Si la vaste majorité des gouvernements a investi à différentes échelles dans le développement de services en ligne, la recherche scientifique sur les apports de cette stratégie en matière de gouvernance s’avère plutôt récente. C’est dans ce contexte que l’ouvrage collectif intitulé Understanding E-Government in Europe: Issues and Challenges et publié chez Routledge constitue une avancée significative, tant sur le plan de la réflexion théorique que des études de cas empiriques qu’il rassemble. Dirigé par Paul G. Nixon (The Hague University – Pays-Bas), Vassiliki N. Koutrakou (University of East Anglia – Royaume-Uni) et Rajash Rawal (The Hague University – Pays-Bas), il réunit les contributions de trente professeurs et chercheurs européens spécialisés dans les politiques publiques et la technologie. Non seulement cet ouvrage évalue-t-il, à partir d’expériences européennes, le potentiel des TIC pour faciliter l’adoption de nouvelles formes de gouvernance et de participation, mais il tente également de répondre à de nombreuses questions d’ordre politique et organisationnel liées à l’utilisation des nouvelles technologies par les administrations publiques : est-ce que la société provoque les initiatives de gouvernement en ligne ou y répond-elle ? Est-elle apte à s’y adapter ? Quelles sont les conséquences des gouvernements en ligne sur la relation entre le pouvoir et la démocratie ? La technologie est-elle suffisamment avancée pour une utilisation optimale des gouvernements en ligne ? Comment le gouvernement en ligne est-il perçu par la population ? Comment gérer les questions délicates liées à l’identité, à la protection des renseignements personnels et à l’inclusion sociale ? Comment traiter les enjeux d’activisme, de cyberterrorisme, de biométrie et de relations internationales à l’ère numérique ? Voilà quelques-uns des nombreux thèmes abordés par les dix-sept chapitres de ce riche ouvrage. Les deux premières parties du collectif posent les éléments fondamentaux et les principaux défis conceptuels qui entourent la notion de gouvernement en ligne. Il est question, entre autres, de débats théoriques entourant …