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Tourism in Latin America: Alexandre Panosso Netto et Luiz Gonzaga Godoi Trigo (sous la direction), Tourism in Latin America. Cases of Success, New York : Spinger, 2015, 246 p.[Notice]

  • Pascale Marcotte

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  • Pascale Marcotte
    Professeure, Université Laval; Pascale.Marcotte@ggr.ulaval.ca

Même si les cartes géographiques sont explicites, il faut rappeler combien le continent latino-américain est vaste et contrasté. De loin, on sait que l’Amérique latine est reconnue pour ses richesses naturelles et culturelles immenses, mais qu’elle a aussi été marquée par une grande pauvreté. Les cas documentés dans Tourism in Latin America. Cases of Success présentent cette richesse et ces contrastes, mais démontrent également que le tourisme en Amérique latine est bien davantage que « le soccer, le carnaval et les plages », pour reprendre le titre ironique d’un de ses articles. Les changements sociaux, économiques et politiques profonds vécus dans cette région du monde ont évidemment influencé le développement de l’industrie touristique. En retour, cette dernière participe également à la transformation de l’économie et de la société, et pour le mieux, semble-t-il. C’est en ce sens et sans complaisance que les cas présentés dans l’ouvrage collectif synthétisent des histoires de destinations au développement touristique réussi. Rédigé en treize chapitres et rassemblant 27 auteurs, le livre propose au départ deux textes introductifs qui posent les principaux jalons permettant de comprendre, au-delà de leur seule situation géographique, les caractéristiques communes et partagées par de nombreux pays sud-américains : civilisations anciennes, périodes coloniales, ségrégations raciale et économique, régimes autoritaires, croissance économique basée sur l’exploitation des richesses naturelles et se tournant dorénavant vers d’autres avenues, notamment touristiques. Fort de cette vision générale à propos de l’imaginaire touristique de l’Amérique latine et de sa situation économique précaire, le lecteur peut ensuite suivre une dizaine d’exemples nationaux. On y trouve par exemple le cas de produits ou de destinations phares, les quartiers de Rio de Janeiro, l’œnotourisme argentin, l’écotourisme au Costa Rica, les grands parcs nationaux chiliens ou la transformation de l’image touristique du Panama. On y explore également le développement touristique de sites moins connus internationalement, tels que la vallée de la Coca au Pérou, dont l’effet gravitationnel du célèbre Machu Picchu a permis un développement plus équilibré, la mise sur pied de grappes industrielles par les acteurs touristiques dominicains, le renouveau des fêtes culturelles par le tourisme en Colombie. Si on y apprend aussi que le continent sud-américain reçoit proportionnellement moins de touristes internationaux que les autres régions du monde, les Caraïbes, quant à elles, sont au contraire marquées par le tourisme de masse. Deux chapitres y font référence notamment, avec l’analyse de la responsabilité sociale des employeurs du secteur de l’hébergement à Cancún et celle de la construction de produits culturels à Cuba. Dans chaque chapitre, après une brève présentation de l’histoire et des caractéristiques propres au pays, le lecteur peut mieux saisir l’évolution touristique du produit ou de la destination présenté. Malgré la grande diversité des cas, plusieurs thématiques reviennent au cours des analyses. Les problèmes identifiés ont souvent trait à la nécessité d’une meilleure formation, à l’inconstance des politiques publiques, à la pauvreté et à une économie instable, à des images touristiques erronées et à la pollution malgré des ressources et un climat exceptionnels. Les solutions proposées reposent largement sur la reconnaissance de la richesse culturelle locale et sur l’implication des acteurs et des ayants droit dans leur développement.