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Practising the Good Life: Lifestyle Migration in Practices Kate Torkington, Inês David et João Sardinha (dir.), Practising the Good Life: Lifestyle Migration in Practices , Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2015, 288 p. [Notice]

  • Françoise COGNARD

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  • Françoise COGNARD
    Maître de conférences, Département de géographie, Université Clermont Auvergne, CNRS, GEOLAB, France ; francoise.cognard@uca.fr

L’ouvrage Practising the Good Life: Lifestyle Migration in Practices, publié en 2015 aux éditions Cambridge Scholars sous la direction de Kate Torkington, Inès David et João Sardinha, est issu d’une conférence organisée par les directeurs de l’ouvrage à Lisbonne en octobre 2013 (« Practising the Good Life: The Good Life in Practices »). Intégralement en langue anglaise, il rassemble les travaux de dix-neuf contributeurs d’origines géographiques et disciplinaires différentes (sociologie, anthropologie, géographie, langues, linguistique) et couvre un large champ géographique (Portugal, France, Espagne, Népal, Équateur, Chili…). Ce recueil de textes constitue une intéressante contribution à l’étude des « lifestyle migrations », un nouveau type de mobilité qui s’est développé ces dernières décennies et fait l’objet d’un intérêt croissant dans les recherches en sciences sociales (Benson, 2015). Ce concept de « lifestyle migration », que l’on peut littéralement traduire par « migration motivée par la recherche d’un style de vie », a été défini par Michaela Benson et Karen O’Reilly (2009 : 2) comme la « mobilité spatiale d’individus relativement aisés, de tous âges, se déplaçant à plein temps ou à temps partiel vers des lieux ‘significatifs’ [sous-entendu sur les plans social, culturel et symbolique] parce que, pour différentes raisons, ils offrent la possibilité d’une meilleure qualité de vie » [traduction de l’auteur]. Ces personnes sont donc en quête à la fois de lieux de vie agréables, riches en aménités, en particulier naturelles, et d’un autre mode de vie, généralement caractérisé par des aspirations existentielles plus qualitatives qu’économiques. Néanmoins, comme le rappellent les deux co‑directrices de l’ouvrage dans le chapitre introductif (p. 1), ces mobilités complexes, qui comportent fréquemment des liens importants avec les phénomènes touristiques, ont été théorisées de différentes manières : « lifestyle migration », « amenity migration », « counterurbanisation migration », « international retirement migration », « residential tourism ». Elles concernent de plus des acteurs divers (« expatriates », « global nomads », « residential tourists », « international retirees »…), à la recherche d’expériences et de styles de vie variés (« rural idyll », « bohemian lifestyle », « an ‘exclusive’ beach setting », « a place in the sun »…). En s’efforçant de dépasser les oppositions classiques entre mobilité temporaire et migration, ce concept tente de prendre en compte la complexification des flux migratoires et des pratiques résidentielles dans le cadre d’un système global de mobilités. Certains auteurs vont encore plus loin et proposent d’utiliser le concept de « lifestyle mobility », prenant également en considération la question des loisirs (Cohen et al., 2015). À la suite des ouvrages dirigés par Michaela Benson et Karen O’Reilly (Lifestyle Migration. Expectations, Aspirations and Experiences, 2009), Michael Janoschka et Heiko Haas (Contested Spatialities, Lifestyle Migration and Residential Tourism, 2013) et Michaela Benson et Nick Osbaldiston (Understanding Lifestyle Migration, 2014), ce livre contribue à l’analyse de ces formes privilégiées de mobilité aux multiples facettes, non pas par le biais d’approfondissements théoriques du concept, mais grâce à un certain nombre d’explorations empiriques offrant des exemples concrets de cette « mise en pratique de la belle vie » (« living the good life »). Il souhaite ainsi éclairer la manière dont cette expérience migratoire ou résidentielle est vécue en s’intéressant aux pratiques sociales qui structurent la vie quotidienne de ces migrants ou multirésidents (pratiques linguistiques, relations avec les populations locales, mais aussi avec le pays d’origine…), en abordant notamment les questions d’intégration, d’appartenance, et en s’intéressant en définitive à la redéfinition de leur identité. Ces « pratiques » ne sont pas uniquement considérées dans leur dimension matérielle, mais également analysées à travers …

Parties annexes