Résumés
Résumé
En dialogue avec l’article d’Alexis Nouss dans ce numéro, l’auteur réfléchit sur les balises herméneutiques et théologiques qui peuvent guider la traduction du Nouveau Testament, en christianisme, balises qu’il retrouve à l’oeuvre, rétrospectivement, dans la dynamique qui a présidé à La Bible, nouvelle traduction (à laquelle il a participé). D’une part, lire c’est traduire, — c’est-à-dire comprendre le texte tel quel en vue de se comprendre — et traduire, c’est interpréter. La théorie herméneutique pose donc l’aporie de toute traduction, à la fois opaque et transparente. D’autre part, le texte du Nouveau Testament lui-même n’est pas Parole de Dieu, mais témoignage qui porte les traces de la rencontre du Christ ressuscité, Parole de Dieu qui s’articule dans une existence humaine corporelle. La théologie assigne donc à la traduction la tâche de ne pas nuire à la réitération de cette rencontre, pour le lecteur. Ainsi, le critère d’évaluation d’une traduction devient sa capacité à provoquer chez le lecteur une expérience de lecture, susceptible de faire émerger une Parole. Une « traductologie théologique chrétienne » n’occulte pas le texte source ni ne privilégie le texte cible. L’expérience de rencontre du Ressuscité dont le texte source porte la trace doit pouvoir se manifester dans l’expérience de lecture dont le texte cible devient le support.
Abstract
In dialogue with Alexis Nouss’ article in this same edition, the author considers the hermeneutic and theological beacons that guide New Testament translation in Christianity, these beacons being found in the work, retrospectively in the dynamic that presided over the « Bible, nouvelle traduction » (in which the author participated). On the one hand, reading is translating—understanding the text as is in order to understand ourselves—and translation is interpretation. Hermeneutic theory presents an aporia, at the same time opaque and transparent. On the other hand, the New Testament text is not the Word of God but the witness of an encounter with the resurrected Christ, the Word of God articulated in a corporal existence. Theology therefore assigns a task to translation : that of not hindering, the reiteration of this encounter for the reader. In this light, translation is evaluated on its ability to provoke within the reader an experience through reading in which emerges the Word. A « Christian theological translation » does not conceal the source nor does it privilege the targeted text. The experience of an encounter with the Resurrected, of which the source text carries the trace, must manifest itself in the experience of reading in which the target text becomes the support.
Parties annexes
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