Résumés
Résumé
Figure, figuralité, dé-figuration, sur-figuration : aspects de la traduction poétique — Le relief figural d'un poème s'avère souvent modifié, ou arasé, dans l'opération traduisante, par une insuffisante perception — en amont du traduire — de « l'espace intérieur du langage » qu'est la figure, ainsi que des mécanismes figuratifs. L'idée pernicieuse et tenace de la figure comme fleur de rhétorique, élément décoratif, sous-tend fréquemment aussi le rhétorique, élément décoratif, sous-tend fréquemment aussi le comportement traductif face à un texte de poésie ; c'est par là-même toucher du doigt un autre a priori tout aussi néfaste : l'appartenance de la figure à la forme du poème, envisagée comme dissociable de son sens.
On examine ici la fortune de quatre figures-clés — comparaison, métaphore, hypallage, répétition — dans diverses traductions de poésie, à la lumière du principe général de concordance énoncé par Meschonnic pour l'établissement d'un rapport poétique entre un texte et sa traduction. La démétaphorisation à laquelle procède telle ou telle traduction supprime ou anémie des éléments essentiels du processus de signifiance. À l'inverse de l'ablation ou de la destruction de figures, c'est un ajout de figures, voire une surcharge figurale, qu'on rencontre, à d'autres moments, dans la traduction poétique. Animé par le désir d'embellir, de poétiser l'original, le traducteur plaque des fioritures sur le texte source : la rhétorisation est une des pratiques les plus courantes de la « domination esthétisante ».
Rester au plus près du régime figural d'un poème, c'est respecter l'unité organique de ce poème, et préserver son intégrale textualité.
Abstract
The Figure, the Figurative, De-Figuration, and Over-Figuration : Aspects of Poetic Translation — The figurative landscape of a poem is frequently modified, or, further, leveled, when translated, due to an incomplete understanding and perception — before its translation — of the "interior space of language" that constitutes the figure, as well as the figurative mechanisms. The pernicious, tenacious concept of the figure as the rhetoric's flower, as decorative element, is also often a frequent underlying theme in the translator's approach to a poetic translation; and it is here that we see the destructive tendency of translation : the figure's belonging to the poem's form, which is seen as being one with its meaning : the two indivisible.
We examine here the fate of four key figures — comparison, metaphor, hypallage, and repetition — in diverse translations of poetry, in light of Meschonnic's general principle of concordance, for the establishment of a poetic relationship between a text and its translation. The demetaphorisation of any given translation suppresses or weakens the essential elements of the development and creation of meaning. The inverse of this ablation — or destruction, of figures is the addition of poetic translation. Animated by the desire to embellish or to beautify, to poeticize the original text, the translator adds supplementary flourishes onto the source text : this rhetorization is one of the most common translation practices of "aesthetic domination".
Staying close to the figurative scheme of a poem means respecting its organic unity, and preserving its textual integrity.
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