Comptes rendus

Kathy Mezei, Sherry Simon et Luise von Flotow, dir. Translation Effects: The Shaping of Modern Canadian Culture. Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2014, 478 p.[Notice]

  • Alexandra Hillinger

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  • Alexandra Hillinger
    Université Concordia

Le collectif Translation Effects, dirigé par Kathy Mezei, Sherry Simon et Luise von Flotow, est paru en 2014 aux éditions McGill-Queen’s University Press. À travers 32 études de cas, l’ouvrage aborde le rôle qu’a joué la traduction dans les diverses sphères de la culture canadienne depuis le début du XXe siècle. Mentionnons, toutefois, que toutes les contributions, à deux exceptions près, couvrent une période allant des années 1970 jusqu’à nos jours. Les contributions de la première partie se penchent sur la traduction dans les domaines des médias et des arts. L’étude de productions audiovisuelles y occupe donc une place importante. Par exemple, le premier chapitre, de Ray Ellenwood, met à l’avant-plan les barrières langagières et l’importance de la traduction dans la production d’un téléfilm sur Big Bear. Dans ce téléfilm, les Amérindiens s’expriment en langue anglaise alors que les Anglais parlent une langue inventée complètement incompréhensible pour le téléspectateur, l’objectif étant de sensibiliser le public anglophone à la barrière linguistique vécue par les Autochtones. La contribution de Sherry Simon relate pour sa part le contexte du lancement de Territoires et trajectoires, traduction activiste qui a permis d’introduire au Québec la notion de « politiques racio-culturelles » [« cultural race politics » (p. 50)]. Au chapitre quatre, Luise von Flotow explique qu’en 2007 des politiciens québécois ont débattu sans succès un projet de loi qui aurait obligé les producteurs de films hollywoodiens à effectuer leur doublage dans la Belle Province. Glen Nichols change de cadre dans son chapitre, qui se penche sur le Pays de la Sagouine, parc d’attractions où l’univers d’Antonine Maillet et la culture acadienne sont traduits pour les touristes. La deuxième partie propose cinq contributions sur la traduction de la politique. Denise Merkle ouvre le bal en démontrant que la voix minoritaire de certains poètes acadiens a été tue par des traductions anglaises qui n’ont pas su recréer les tensions sociopolitiques centrales aux poèmes en français. Au chapitre huit, Julie McDonough Dolmaya aborde de son côté la question de la traduction anglaise de Nègres blancs d’Amérique. La production de la traduction met en lumière la différence d’attitude de la classe politique envers les francophones et les anglophones du Canada à la suite de la crise d’Octobre. Pendant que les autorités s’efforcent de freiner la diffusion de la critique de Vallières, entre autres par la saisie du livre au Québec, McClelland and Stewart distribue une traduction états-unienne auprès des Canadiens anglais. Le dernier chapitre de cette section pose un regard critique sur la traduction culturelle à travers l’exemple de la commission Bouchard-Taylor. Renée Desjardins y explique que la commission a fourni un cadre aux participants afin qu’ils puissent traduire pour d’autres leurs valeurs et leurs croyances. Comptant onze articles, la troisième partie de l’ouvrage, qui explore la traduction de la poésie, de la fiction et de l’essai, est la plus volumineuse. Il y est notamment question de la littérature nordique et d’immigrants islandais qui choisissent l’anglais comme langue d’écriture afin de traduire leurs expériences pour les Canadiens. Au chapitre douze, Patricia Godbout s’intéresse à la correspondance entre Anne Hébert et F. R. Scott et observe que, au fil du temps, leur dialogue sur la traduction se transforme en monologue, puisque Scott se distancie des suggestions d’Hébert et privilégie ses choix initiaux dans les versions subséquentes de The Tomb of the Kings. De son côté, Hugh Hazelton relate l’augmentation des traductions d’oeuvres latino-américaines au Canada depuis les années 1970. Au chapitre quinze, Gillian Lane-Mercier étudie la retraduction du Cassé et l’utilisation du « urban street slang » pour rendre le joual du texte original. …