Comptes rendus

Collombat, Isabelle, dir. Littéraire, non littéraire : Enjeux traductologiques d’une problématique transdisciplinaire. Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2021, 284 p.[Notice]

  • Arianne Des Rochers

…plus d’informations

  • Arianne Des Rochers
    Université de Moncton

L’ouvrage collectif Littéraire, non littéraire : Enjeux traductologiques d’une problématique transdisciplinaire, dirigé par Isabelle Collombat, est le plus récent titre de la collection « Regards sur la traduction » aux Presses de l’Université d’Ottawa. Il explore la distinction qui oppose la traduction littéraire à la traduction pragmatique, et s’inscrit dans une volonté de repenser la traductologie « dans une perspective décloisonnée et selon une vision holistique inspirée par la (ré)conciliation des traditionnelles dichotomies trop souvent réductrices » (Collombat, p. xix). Découlant partiellement d’une journée d’étude s’étant tenue à l’Université Laval en août 2015, cet ouvrage réunit en son sein des traductologues établis et des spécialistes d’autres disciplines (droit, lexicographie, narratologie, culture médiatique, philosophie). Le volume est divisé en deux parties : la première présente les contributions extérieures à la traductologie, et la deuxième, les contributions traductologiques à proprement parler – division qui vient quelque peu contrecarrer le dialogue interdisciplinaire revendiqué dans l’avant-propos du volume. En effet, l’ouvrage tire avant tout son caractère interdisciplinaire de la juxtaposition de chapitres provenant de disciplines différentes; l’interdisciplinarité sera donc moins évidente aux yeux des lecteurices qui ne lisent qu’un ou deux chapitres individuels. Or, si l’on considère l’ouvrage dans son ensemble, le résultat de cette juxtaposition est très éclairant et convaincant; collectivement, les chapitres brossent un portrait nuancé, pluriel et exhaustif des fondements de la distinction entre le littéraire et le pragmatique, et des conséquences qu’a cette distinction sur la pratique, l’enseignement et la théorie de la traduction. Les contributions de la première partie (« hors traductologie ») sont originales et rafraîchissantes, et on ne peut qu’applaudir l’éditrice du volume pour l’inclusion de perspectives habituellement peu représentées au sein de la discipline. Sur le plan de la nature et de l’étendue des chapitres, l’ouvrage présente une certaine hétérogénéité, ne serait-ce que dans la longueur des contributions – à titre de comparaison, la plus courte compte 10 pages et la plus longue, 37 pages. En effet, certains articles semblent découler de projets de recherche déjà bien avancés, voire aboutis, tandis que d’autres chapitres fournissent plus humblement des pistes de réflexion provisoires. Cette hétérogénéité donne à l’ouvrage une multiplicité agréable et productive, où tant le propos que la forme varient d’une contribution à l’autre. L’ouvrage s’ouvre sur une courte et invitante préface de Christiane Nord, qui sans grande surprise aborde la question d’un point de vue fonctionnaliste, nous rappelant que « ce n’est pas le texte lui-même qui exige un mode de traduction spécifique, mais les normes qui découlent des attentes des lecteurs » (p. xv). Autrement dit, tout texte, qu’il soit littéraire ou non, spécialisé ou non, est d’abord et avant tout déterminé par ceux qui le produisent et le reçoivent. La première partie contient cinq chapitres qui, bien qu’en provenance de disciplines diverses, sont bien contextualisés, de sorte qu’ils ne requièrent pas de spécialisation préalable dans les disciplines en question. La partie s’ouvre sur le chapitre de Valérie Bouchard, intitulé « L’auteur de droit et l’auteur en droit (d’auteur) », qui s’intéresse à la définition du terme « auteur » d’un point de vue juridique. Considérant que la Loi sur le droit d’auteur ne comporte aucune définition du concept d’auteur, Bouchard compare les utilisations multiples du mot « auteur » en droit et montre que la législation sur le droit d’auteur repose sur une définition moderne et individualiste de l’auteur. Observant que l’auteur s’est désindividualisé d’un point de vue social ces dernières décennies – en raison, notamment, du postmodernisme et des nouvelles technologies –, l’auteure avance qu’il reste à faire un « travail d’adéquation et d’analyse des relations entre le savoir juridique et …