Comptes rendus

Julia Kölbl, Iryna Orlova et Michaela Wolf, dir. ¿Pasarán? Kommunikation im Spanischen Bürgerkrieg. Interacting in the Spanish Civil War. Vienne et Hambourg, new academic press, 2020, 224 p.Julia Kölbl. The Babel of Tongues : Englischsprachige Freiwillige und ihr Beitrag zur Kommunikation im Spanischen Bürgerkrieg. Vienne, LIT Verlag, 2021, 264 p.[Notice]

  • Sarah Neelsen

…plus d’informations

  • Sarah Neelsen
    Université Sorbonne Nouvelle

Les deux ouvrages présentés sont issus du projet de recherche Dolmetschen und Übersetzen im Spanischen Bürgerkrieg, 1936-1939 [Traduction et interprétation pendant la Guerre civile espagnole, 1936-1939], mené entre avril 2018 et septembre 2019 au Département de traductologie théorique et appliquée de l’Université de Graz (Autriche) par Michaela Wolf et quatre collaboratrices, dont Julia Kölbl, grâce à un financement de la Banque nationale autrichienne (OeNB). Ils marquent aussi le point d’orgue d’une longue carrière pour Michaela Wolf. En 2020, elle a quitté l’Université de Graz où elle enseignait depuis 1990, après y avoir fait ses études en traductologie et en études romanes. Parmi ses responsabilités éditoriales nombreuses, notamment pour la collection « Routledge Research on Translation and Interpreting History », on peut mentionner la collection qu’elle dirige chez l’éditeur viennois LIT « Representation – Transformation. Translating Across Cultures and Societies », où paraît l’ouvrage de Julia Kölbl ci-dessus. Le projet s’est intéressé aux 35.000 engagés volontaires, venus de 53 nations pour grossir les rangs des républicains espagnols entre 1936 et 1939 face aux putschistes, menés par le général Franco. Il s’inscrit dans les recherches consacrées à la traduction en temps de guerre et en zone de conflit (v. notamment Baker, 2006), domaine auquel Wolf elle-même a consacré d’autres travaux sur les camps de prisonniers russes pendant la Première Guerre mondiale (2019) et sur les camps de concentration nazis (2016a). Mais il présente aussi l’originalité de s’appuyer sur des témoignages autobiographiques des brigadiers internationaux, écrits en une vingtaine de langues. Par ce biais, le projet entend éclairer l’histoire de la traduction et de l’interprétation, ainsi que celle de leurs agents, afin de donner à chacun un visage et rendre hommage à leur « contribution à la lutte antifasciste » (Kölbl, Orlova et Wolf, 2020, p. 208). Il contribue donc à l’histoire de la discipline, et même à la micro-histoire, les deux ouvrages proposant un large éventail de portraits individuels d’hommes et de femmes ayant facilité la communication dans une situation que beaucoup compare aux temps bibliques de la Tour de Babel (Kölbl, 2021, p. 30). Il s’agit également d’une contribution à la sociologie de la traduction (v. notamment Pym, Shlesinger et Jettmarová, 2006), domaine auquel le nom de Wolf est principalement associé (2006, 2011, 2014, 2017). Elle est, par exemple, l’autrice de l’entrée « Sociology of Translation » dans le Handbook of Translation Studies (Gambier et van Doorslaer, 2010). Le premier ouvrage, dirigé par Kölbl, Orlova et Wolf, ¿Pasarán? Kommunikation im Spanischen Bürgerkrieg. Interacting in the Spanish Civil War, contient douze contributions en anglais (4), espagnol (3) et allemand (5), réparties en trois sections : « Stratégies de communication », « Communication au quotidien de la guerre civile » et « Communication institutionnelle ». La première compte trois textes : Ursula Stachl-Peier s’intéresse au groupe de volontaires suédois intégrés au bataillon Thälmann, considéré comme le bataillon « germanique » et bientôt miné par des tensions interculturelles; Małgorzata Tryuk analyse le journal de guerre du volontaire polonais Boruch Nysenbaum, lequel mentionne à la fois des situations de traduction formelles (meetings, propagande) et des rencontres plurilingues informelles (avec la population locale); Ramón Naya-Ortega et M. Lourdes Prades-Artigas esquissent un aperçu général de la situation des langues et de leur apprentissage au sein des brigades internationales. La deuxième section contient essentiellement des portraits de traducteurs et d’interprètes occasionnels, par exemple durant la bataille de Malaga (Marcos Rodríguez-Espinosa) et dans l’entourage d’André Marty (Franziska Duckstein). On trouve ainsi retracées les trajectoires de la combattante Mika Feldman Etchebehere (Cynthia Gabbay), de l’interprète John Victor Murra (Jesús Baigorri-Jalón) et d’Aileen Palmer (Julia Kölbl). La troisième …

Parties annexes