Book ReviewsComptes rendus

Habib Saidi et Sylvie Sagnes (dir.), Capitales et patrimoines à l’heure de la globalisation / Capital Cities and Heritage in the Globalization Era (Québec : Presses de l’Université Laval, 2012), 426 p.[Notice]

  • Mathieu Dormaels

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  • Mathieu Dormaels
    Chaire de recherche du Canada en patrimoine bâti, Université de Montréal

Cet ouvrage collectif est le résultat d’un colloque tenu à l’Université Laval (Québec) en 2009, sur le thème Capitales et patrimoines au xxie siècle. Cette manifestation scientifique était le résultat d’une collaboration entre des institutions québécoises (IPAC – Institut du patrimoine culturel de l’Université Laval, et CELAT – Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions) et françaises (LAHIC – Laboratoire d’Anthropologie et d’Histoire sur l’Institution de la Culture – Équipe du IIAC, CNRS – EHESS, Paris). Quoique l’on puisse ne pas être d’accord avec la prémisse d’une relation peu évidente entre les capitales et les patrimoines, on ne peut en revanche qu’abonder dans le sens des directeurs de cette publication quant à la nécessité d’approfondir les recherches sur les relations entre ces deux éléments. En ce sens, ce livre est déjà une contribution notable aux études urbaines et aux études patrimoniales. On notera également l’intérêt du travail d’introduction historique et théorique sur la notion de « capitale », qui donne beaucoup d’éléments de compréhension utiles au lecteur, spécialiste ou pas. Les questions qui y sont posées quand à l’éventualité d’une « fin » ou d’un « autre temps » des capitales (p. 25) délimitent les contours de la problématique de l’ouvrage : qu’est-ce qui fait aujourd’hui une « capitale » et quel rôle joue le patrimoine dans cette affirmation ? Autour de ce questionnement, le livre se divise en trois parties qui sont autant de relations différentes entre « capitales » et « patrimoines » et qui correspondent à trois « moments », trois « temporalités », mais aussi trois dimensions (politique, culturelle et historique) des villes globalisées. La première partie jette un regard sur les capitales qui affirment leur caractère politique à travers leurs actions sur le patrimoine, que ce soit la construction de « nouveaux » patrimoines, la destruction d’éléments anciens jugés indignes ou dépassés, ou encore les velléités de reconstruction de monuments disparus, abouties ou non. La deuxième partie aborde plutôt l’influence de l’insertion des capitales dans le réseau mondial sur leur(s) patrimoine(s) et comment ces objets patrimoniaux peuvent changer de statut et de signification pour répondre à la globalisation et aux désirs de ces villes de se distinguer comme centre d’une culture universalisée. Enfin, la troisième partie rapporte surtout des cas où le patrimoine participe de la restitution d’une certaine historicité des villes qui pourrait être nécessaire à l’affirmation du fait capitulaire. Finalement, la postface d’Olivier Mongin rappelle le caractère hybride des villes capitales, « articulation entre le local et le monde » (p. 418), qui gagnent effectivement à être étudiées comme « objet » plutôt que comme « terrain » (p. 27). S’il est vrai que les villes capitales ne sont que rarement l’objet des études touristiques et patrimoniales, il nous semble cependant un peu extrême de dire qu’elles sont considérées, dans ces travaux, comme « semblable[s] à toute autre ville » (p. 235). En effet, leur insertion dans les flux internationaux et leur prédominance politique, économique ou encore culturelle font d’elles des lieux propices à l’existence des pratiques touristiques et des phénomènes patrimoniaux. Omettre ce contexte particulier rendrait ces analyses bien peu pertinentes. En revanche, il est vrai que la recherche scientifique s’est assez peu intéressée au fait capitulaire et à son évolution dans le contexte de la mondialisation des échanges et des flux. Or il apparaît tout à fait justifié à la lecture de cet ouvrage de se demander s’il est encore pertinent de parler de « capitale », et dans quelles conditions, tant le terme semble recouvrir des réalités différentes qui ne sont pas sans rappeler …