Book ReviewsComptes rendus

Ariella Masboungi et Jean-Louis Cohen (dir.), New York. Réguler pour innover, les années Bloomberg (Marseille : Parenthèses, 2014), 224 p.[Notice]

  • Benoît Lartigue

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  • Benoît Lartigue
    Candidat au doctorat en études urbaines, Centre Urbanisation Culture Société, Institut national de la recherche scientifique

Cet ouvrage collectif propose un état des lieux des politiques de (re)développement urbain de la ville de New York en 2014, alors que s’achève le troisième mandat de Michael Bloomberg et que Bill de Blasio lui succède à City Hall. Les 22 contributeurs qu’il réunit—architectes et urbanistes ayant oeuvré à New York, universitaires et membres de cabinets de l’administration municipale, d’associations et de commissions d’urbanisme et de planification—présentent les plus importants et emblématiques projets engagés, achevés ou initiés au cours des années Bloomberg (2003–2013) et qui doivent, suivant le principe constitutif du programme PlaNYC 2030 dévoilé en 2007, faire de New York la première ville durable des États-Unis. C’est bien ce vaste programme, inédit par la nature, l’ampleur et la portée de ses objectifs, qui constitue le fil rouge de l’ouvrage et permet d’en relever le principal enseignement. PlaNYC 2030, dont les constats et les stratégies « ont été établis en concertation entre élus et services municipaux et entre organisations et acteurs associatifs ou privés » (p. 41), illustre avec éloquence un urbanisme new-yorkais qui, loin de ne relever que d’une seule compétence municipale, se révèle être un enjeu partagé. L’ouvrage se compose d’une cinquantaine de courts articles regroupés en quatre chapitres. Le premier de ces chapitres, introductif et dont on peine quelque peu à saisir la cohérence interne, en réunit huit. Y sont d’abord présentés les grands enseignements qu’il convient de tirer de cette expérience particulière qu’est PlaNYC 2030, qui, assurément, « devrait faire école pour un renouveau de la planification urbaine élaborée sous forme de charte au lieu de plans, une doctrine au lieu de prévisions » (p. 10). Parmi les leçons relevées, on retiendra qu’un urbanisme réussi en est un qui lie dans l’action secteurs privé et public, qu’une ville durable ne saurait se penser qu’à une échelle élargie et métropolitaine, et que face aux profonds bouleversements climatiques désormais indéniables—que l’ouragan Sandy, en 2012, a violemment donné à voir à l’ensemble des New Yorkais–, « la résilience est de mise » (p. 10) pour tous les projets urbains d’aujourd’hui et de demain. La suite du chapitre consiste en un bref historique des administrations de la ville et de ses édiles, de son urbanisme et de ses outils fondamentaux (plans, règlements de zonage, quadrillage, etc.). On y décrit notamment un urbanisme historiquement pris en tension entre planification et adaptation pragmatique de celle-ci, une caractéristique qui demeure encore aujourd’hui. Le second chapitre, « Une stratégie urbaine à grande échelle », décrit la nature et l’ampleur des projets en cours à New York. Une première section regroupe deux articles : le premier présente le programme PlaNYC 2030 dans ses grandes lignes (l’utilisation des sols, l’eau, les transports, l’énergie, la qualité de l’air et le changement climatique) et le second dépeint la complexité de la gouvernance métropolitaine new-yorkaise. Une seconde section décline par la suite les grands thèmes dans lesquels s’inscrivent les différents projets new-yorkais, et que recoupe PlaNYC 2030 : la mobilité, les espaces publics et leur aménagement durable et intelligent, la réappropriation des rivages—précisément comme lieux publics–, ou encore le logement. Le chapitre suivant vient illustrer le principe déjà relevé d’une gouvernance flexible des programmes architecturaux et urbanistiques new-yorkais. Intitulé « Qui fait quoi et comment ? », il réunit les contributions d’une dizaine d’acteurs aux statuts variés, de l’architecte au juriste, en passant par la fondatrice d’une association de défense du quartier du South Bronx. Chacun vient témoigner par son expérience d’une dynamique décisionnelle souple, fondée sur la négociation et l’amendement de la règle formelle, et dans laquelle chaque groupe concerné par un projet est en mesure de …