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Martin Gauthier, L’histoire du port de Trois-Rivières (Québec : Éditions du Septentrion, 2013), 143 p.[Notice]

  • Dale Gilbert

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  • Dale Gilbert
    Chercheur postdoctoral, Centre Urbanisation Culture Société, Institut national de la recherche scientifique

Le 8 avril 1874, plusieurs décennies avant l’ouverture du fleuve Saint-Laurent à la navigation hivernale, un journaliste du Constitutionnel de Trois-Rivières écrit : « Quand aurons-nous la navigation? […] C’est ce qui donne la vie à notre ville. En hiver, nous sommes relégués en quelque sorte en dehors du monde civilisé. » (p. 35) L’importance du port dans la socioéconomie trifluvienne et mauricienne, évoquée dans ces quelques mots, est mise en relief dans cette monographie signée par Martin Gauthier. Ce dernier retrace l’évolution des installations, de la structure administrative et des activités commerciales, industrielles et populaires au port de Trois-Rivières depuis la Nouvelle-France jusqu’à nos jours. Il a mis à profit pour ce faire les archives du port, les journaux locaux, la base de données en histoire régionale de la Mauricie du Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ) ainsi que les résultats d’entretiens menés avec divers intervenants et anciens employés du port. Cet ouvrage richement illustré – son format large permet d’ailleurs une mise en valeur optimale du matériel iconographique – est destiné à un large public. Le bilan historiographique et la description des stratégies méthodologiques adoptées sont notamment absents. L’introduction prend la forme d’un premier chapitre de contenu où Gauthier, après un paragraphe portant sur les activités portuaires en Nouvelle-France, explique comment l’essor de la navigation à vapeur au début du 19e siècle a mené à la construction des premiers quais à Trois-Rivières. Cinq chapitres constitués selon une trame chronologique suivent l’introduction. En l’absence de paragraphes liminaires présentant le contenu de chacun d’entre eux, il est difficile pour le lecteur de se faire une idée précise des visées de l’auteur. Le premier chapitre fait état des démarches visant à mettre en place une structure publique de gestion des infrastructures portuaires à partir des années 1870. La nécessité d’une intégration cohérente de celles-ci au réseau ferroviaire (Trois-Rivières est reliée par rail à Québec en 1879 et à Montréal en 1880) est notamment soulignée par les défenseurs d’une telle structure. La création de la Commission du havre de Trois-Rivières par le gouvernement fédéral en 1882 mène à de rapides travaux d’amélioration et d’agrandissement, que Gauthier décrit aux premier et deuxième chapitres. Ce second chapitre présente également l’éventail des activités populaires prenant place sur les quais aux 19e et 20e siècles : promenades, cirques, marché aux poissons, puisage d’eau, rejet des déchets dans le fleuve, etc. Gauthier relate l’évolution des services de traversée (pont de glace, traversiers, etc.) permettant la circulation des personnes et des biens de part et d’autre du Saint-Laurent. Il se penche par la suite sur l’exportation du bois et l’importation de charbon, les deux principaux domaines d’activité industrielle au port au 19e siècle. L’extension du réseau ferroviaire, l’émergence de l’industrie lourde mauricienne (pâtes et papiers, électrochimie, etc.) de même que le déploiement des infrastructures de transport d’électricité à haute tension stimulent considérablement le développement de Trois-Rivières et de son port au tournant du 20e siècle. Cet essor est au coeur du troisième chapitre. Au cours des années 1920, Trois-Rivières devient la capitale mondiale du papier journal. Le port est alors l’un des principaux lieux de transit du papier en Amérique du Nord ; son trafic global supplante même momentanément celui du port de Québec au 2e rang québécois. L’expansion des infrastructures portuaires se poursuit; les travaux menés entre 1882 et 1935 font au total passer la longueur des quais de 183 à 2568 mètres. La lecture de L’histoire du port de Trois-Rivières soulève à ce titre l’intérêt d’examiner plus en profondeur l’impact de l’expansion des infrastructures portuaires sur la physionomie des villes de même que la cohabitation des …