Résumés
Résumé
Il s’agit dans ce texte avant tout de clarifier des termes qui reviennent souvent dans les recherches et réflexions dans le domaine des sciences environnementales, et qui sont souvent considérés comme des équivalents. Il s’agit de la multidisciplinarité, de l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité, ce qui suppose de clarifier ce que c’est que de travailler dans une discipline (la « disciplinarité ») et d’avoir dans sa boîte à outils une pluralité de compétences disciplinaires (la « pluridisciplinarité »). Ces propositions de distinctions sont mises en relief en regardant en particulier les problèmes de gouvernance de l’eau
Mots-clés:
- environnement,
- sciences,
- multidisciplinarité,
- interdisciplinarité,
- transdisciplinarité,
- gouvernance,
- eau,
- compétences
Abstract
What we want to do here is clarify a number or important concepts that are sometimes used as equivalents in environmental sciences and practices, but that might require some distinctions and specifications. We specify concepts like multidisciplinarity, interdisciplinarity, transdisciplinarity, but also disciplinarity and pluridisciplinarity. Maybe if we had a more clear conscience of those issues, we would understand each other along the way in collaborative projects. We also show how they shed light on specific issues, for instance water governance issues, and we distinguish these problems from valid questions of interprofessionality.
Keywords:
- environment,
- sciences,
- multidisciplinarity,
- interdisciplinarity,
- transdisciplinarity,
- governance,
- water
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Parties annexes
Notes
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[1]
Les travaux de Edgar Morin et de Basarab Nicolescu qui s’y réfèrent explicitement ne sont pas parus avant les années 1990, quoique certaines publications aient pu les devancer de peu.
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Le travail de madame Thomson Klein semble tout à fait central dans les discussions actuelles.
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Plusieurs travaux collectifs tentent de telles mises ensemble de compétences pour traiter de l’eau, et de plusieurs manières. Ken Conca, Governing Water. Contentious Transnational Politics and Global Insitution Building (2006). Cambrige et Londres, MIT Press est un exemple de travail d’intégration chez un même auteur, situé en sciences politiques internationales et spécialisé sur la question de l’eau, de travaux relevant des autres disciplines concernées, comme la démographie, l’hydrogéologie, etc. Selon la typologie mise de l’avant ici, il s’agirait d’une approche pluridisciplinaire, nourrie sans doute d’interdisciplinarité. Voir aussi Alexandre Brun et Frédéric Lasserre (ed.). Politiques de l’eau. Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2006, pour de belles contributions de plusieurs disciplines.
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C’est le cas de Basarab Nicolescu, qui préfère nettement cette expression; voir B. Nicolescu, Nous, la particule et le monde. Monaco, Éd. Le Rocher, 2002. Nicolescu insiste sur le fait qu’en pluridisciplinarité, les choses reviennent finalement sur le terrain d’une discipline particulière. Dans la pratique, il est possible en effet qu’une matrice disciplinaire dominante de facto en situation l’emporte au point de vue des prises de décision.
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Pour parler de démarche scientifique par rapport à un domaine d’objets quelconques (incluant des relations, constantes, etc), il y a une dimension de recherche systématique. John Dewey appelait cette approche l’enquête. Voir J. Dewey, Logic. A theory of Inquiry. (1938). Carbondale (Ill.), Southern Illinois University Press, 1991.
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C’est ce qu’il explique en parlant de la dissemblance entre les lois qui s’appliquent au niveau de la physique quantique, et celles qui s’appliquent au niveau macroscopique qui est le nôtre. On parle de non résistance parce qu’à ces niveaux supérieur ou inférieur, l’absence d’outil conceptuel ou expérimental à notre disposition a pour résultante que le domaine d’objets n’oppose aucune résistance. Popper dirait que nous sommes dans le domaine des hypothèses non falsifiables.
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Par « philosophie transcendantale » il faut entendre ici, non pas une philosophie du transcendant (divin ou ontologique) mais bien une philosophie qui réfléchit sur les conditions de possibilité d’un savoir ou d’une action quelconque. Ceci se développe dans la foulée de Kant et du néo-kantisme allemand, et se retrouve aussi chez des contemporains comme Jacques Lenoble, philosophe de la normativité (Belgique) ou chez Jürgen Habermas (Allemagne), philosophe de l’agir communicationnel comme elle se trouvait chez le philosophe des formes symboliques Ernst Cassirer vers le début du XX ème siècle. C’est une stratégie conceptuelle intéressante mais qui a ses limites : bien qu’elle permette de se prémunir contre l’ignorance de nos présupposés conceptuels et autres, elle ne renvoie peut être pas assez aux domaines empiriques de recherche comme tels. Toutefois, précisément dans le cas de Nicolescu, on semble éviter le subjectivisme habituel aux philosophies qui se situent dans la foulée de Kant, sans toutefois éviter un holisme assez marqué.
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Sur la thématique de la reconnaissance, c’est Axel Honneth qui a renouvelé les discours et approches depuis quelques décennies déjà, suivi par Paul Ricoeur, Luc Ferry et d’autres.
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Pour les sciences sociales de l’environnement en particulier.
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Sur la base de plusieurs études de terrain, le texte souligne l’intérêt des disciplines et montre que « l’homme de la Renaissance » n’est plus possible : nous avons besoin de la spécialisation. Mais il est critique face à un conservatisme qui voudrait garder éternellement fixes les frontières disciplinaires, ou punir ceux qui s’intéressent aux problèmes-frontières, p. 280.
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Sur les réseaux d’acteurs, le mieux est de renvoyer à ce qu’on appelle Actor Network Theory (ANT), qui comporte bon nombre de chercheurs de tous les pays intéressés par les sciences et les technologies, ce qu’on peut appeler en français la sociologie des sciences (Science and Technology Studies (STS)).
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parmi bien d’autres textes.
Bibliographie
- Brun A. et F. Lasserre, 2006, Politiques de l’eau. Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 438 p.
- Bruno Latour, 1999, Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte. 382 p.
- Conca, K., 2006, Governing Water. Contentious Transnational Politics and Global Insitution Building, Cambrige et Londres, MIT Press, 484 p.
- Dewey J., 1967, Logique. La théorie de l’enquête. Paris, PUF, (tr. Deledalle).
- Dewey, J., 2003, Reconstruction de la philosophie. Farrago, Leo Scheer, (tr. Di Mascio).
- Flood, R. L., 2000, A Brief Review of Peter B. Checkland’s contribution to Systemic Thinking », Systemic Practice and Action Research, v. 13 no. 6, 723-731.
- Gendron C. et J.-G. Vaillancourt (dir.), 2007, C. Claeys-Mekdake et A. Rajotte (coll.) Environnement et sciences sociales. Sainte-Foy, PUL, 2007. 444 p.
- Gretchen C. Daily, Paul R. Ehrlich, « Managing Earth’s Ecosystems : An Interdiscipinary challenge », Ecosystems (1999) 2, 277-280.
- Hermet, G., A. Kazangicil et J.-F. Prud’homme (dir.), 2005, La gouvernance. Un concept et ses applications. Paris, Karthala. 228 p.
- Honneth, A., La lutte pour la reconnaissance. Paris, Cerf, 2000, 240 p.
- Honneth, A., La société du mépris. Vers une nouvelle Théorie critique. Paris, La découverte, 2006. 350 p.
- Law, J., 1994, Organizing Modernity : social ordering and social theory. Oxford, Blackwell, 219 p.
- Le Moigne J.-L. et E. Morin, 2007, Intelligence de la complexité : épistémologie et pragmatique. Paris, Éditions de l’Aube, 160 p.
- Mead, G. H., 2006, L’esprit, le soi et la société, nouvelle traduction et introduction de Daniel Cefaï et Louis Quéré, Paris, PUF, coll. « Le Lien social », 434 p.
- Nicolescu, B., 1996, La transdisciplinarité. Manifeste. Monaco, Éditions du Rocher, 34-35.
- Parthenay, C. , 2005 Herbert Simon : rationalité limitée, théorie des organisations et sciences de l’artificiel, Groupe Réseaux Jean Monnet (Université Paris-Sud 11), [En ligne] : http://www.grjm.net/documents/claude_parthenay/Parthenay_Simon.pdf, 28 p.
- Resweber, J. P., 2000, Le pari de la transdisciplinarité – vers l’intégration des savoirs. Paris, L’harmattan, p. 41.
- Simon H. A., 1997, Models of bounded rationality 3. Cambridge (Ma), MIT Press, 479 p.
- Thompson Klein, J., Interdisciplinarity. History, Theory, & Practice. Detroit, Wayne State University Press, 1990, p. 105.