Résumés
Résumé
Certes, le travail sur la gouvernance dans le chantier des questions environnementales semble bien amorcé et il ne peut que prendre de l’ampleur dans les années à venir. Il est peut-être encore tôt pour produire une typologie des théories de la gouvernance, ou une conceptualisation trop serrée. Il semble plus opportun pour le moment de repérer les principaux usages que nous rencontrons effectivement des recours à la gouvernance. Nous pourrons ensuite voir comment ce vocable peut fonctionner dans une pluralité de discours, et comment il peut véhiculer des significations assez diverses. Il ne s’agira donc pas d’enrichir un Dictionnaire de la gouvernance ou de mettre un terme aux études de terrain, alors qu’elles débutent! Au contraire, il nous faut réfléchir d’emblée et davantage en termes des usages que nous faisons de nos concepts, et pas seulement rechercher des modèles théoriques en quelque sorte purs qui ne rencontreront presque aucun usage dans la pratique. Il faut s’interroger sur le sens que les acteurs accordent à ces recours et sur ce qu’ils vont y chercher. Il faut aussi nous demander, en plus de la question des effets de sens qui sont produits par l’usage de la gouvernance, quels sont les enjeux éthiques sous-jacents qui sont soulevés par de tels usages.
Mots-clés :
- Gouvernance,
- éthique,
- pragmatisme,
- changement climatique
Abstract
Reflexion on the governance topic and the different uses of that term are going forward in the field of environmental issues and practices. Since that topic is very popular, we suppose it can only grow in the upcoming years. Considering it might be too soon to produce at this time a typology of governance theories or a too strict conceptualisation of the notion, we aim here instead at identifying the different ways in which this term is used in a plurality of discourses and how it probably goes with a plurality of meanings. We are at the starting point of field studies on governance practices; it seems more interesting now to focus on how the concept actually works in practice, instead of trying to build a unifying model from the theoretical point of view. A purely theoretical endeavour would probably miss the various ways by which actors find and give meaning to the uses of the governance concept. We also would like to reflect on the effects produced by uses of governance and what are the ethical issues that are raised by these uses.
Keywords:
- governance,
- ethics,
- pragmatism,
- climate change
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Parties annexes
Notes
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[1]
Rappelons pour les fins de la réflexion une citation célèbre : « Considérer les effets, pouvant être conçus comme ayant des incidences (bearings) pratiques, que nous concevons qu’a l’objet de notre conception. Alors, notre conception de ces effets constitue la totalité de notre conception de l’objet », Charles S. Peirce, « Comment rendre nos idées claires? », repris dans Ch. S. Peirce, Oeuvres philosophiques v. 1, Paris, Cerf, 2002, Cl. Tiercelin et Pierre Thibaud éditeurs, texte original de Popular Science Monthly, 1878. Ailleurs, définissant le pragmaticisme, il parlera de l’incidence des concepts dans la vie comme livrant leur signification.
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[2]
Voir récemment Gilles Paquet, Crippling Epistemologies and Governance failures. A Plea for Experimentalism. Ottawa, University of Ottawa Press, 2009.
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[3]
Voir sur ce point Robert Paehlke, « Espace biophysique et sens des proportions : pour une politique environnementale à la bonne échelle », dans Edward A. Parson (dir), Gérer l’environnement. Montréal, PUM. 2001, p. 79 ss.
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[4]
Nous devons ici faire appel à un domaine bien particulier des études en sciences humaines, qui se trouve lui-même à l’interface de plusieurs disciplines, philosophie et sciences de la communication notamment. Il s’agit de l’étude des discours en tant qu’ils visent à convaincre, soit la dimension argumentative et rhétorique, que je considère d’un seul tenant, puisqu’il me semble souhaitable de surmonter la coupure entre logique informelle et effets rhétoriques. Pour plus de détails sur ce type de problématique, on peut consulter, entre bien des ouvrages, Emmanuelle Danblon, La fonction persuasive.Anthropologie du discours rhétorique : origines et actualité. Paris, Armand-Colin, 2005.
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[5]
Robert E. Freeman, Strategic Manoeuvering: A Stakeholder Approach. Boston, Pitman, 1984.
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[6]
Gilles Paquet, Pathologies de la gouvernance. Montréal, Liber, 2004; voir aussi G. Paquet, Gouvernance, mode d’emploi. Montréal, Liber, 2009.
-
[7]
Vasuhda Chhotray et Gerry Stoker, 2009.
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[8]
G. Paquet, Gouvernance mode d’emploi, Montréal, Liber, 2009, p. 46.
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[9]
Anthony Giddens, The Politics of Climate Change. Cambridge, Polity, 2009, p. 69 et suivantes.
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[10]
Une importante étude récente a montré avec brio, par une analyse poussée des discours des acteurs basé sur un échantillonnage et une méthodologie rigoureuse à partir de quatre conflits États-Uniens bien documentés, que, contrairement à ce que l’on croit spontanément, dans les situations de conflits environnementaux durables (intractable environmental conflicts), les parties diverses comme les agriculteurs, les agents du monde municipal et autres, adoptent en pratique des positions divergentes entre eux; il est donc faux de présumer que, par exemple, « les agriculteurs » et « le monde municipal » etc, vont nécessairement adopter une position commune. Voir Boris J. Brummans, Linda L. Putnam, Barbara Gray et al. (2008). « Making Sense of Intractable Multiparty Conflicts : A Study of Framing of Four Environmental Disputes ». Communication Monographs 75: 1, 25-51.
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[11]
Voir sur ce point du polycentrisme Alain Létourneau, « Le jugement en acte. Quelques questions environnementales », dans A. Lacroix (éd.), Éthique appliquée, éthique engagée. Réflexions sur une notion. Montréal, Liber, 2006, p. 105-123.
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[12]
Lawrence E. Lynn, 2006, p. 104,
-
[13]
Ibid., p. 108.
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[14]
Voir ainsi Guy Hermet, « La gouvernance serait-elle le nom de l’après-démocratie? L’inlassable quête du pluralisme limité », dans Guy Hermet, Ali Kazancigil et Jean-François Prud’homme, La gouvernance. Un concept et ses applications. Paris, Éditions Karthala, 2005, p. 17 et s.
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[15]
Sans pouvoir bien sûr ici en faire un bilan détaillé et circonstancié, il y a quand même eu un redécoupage du territoire, doté maintenant de 40 organismes de bassin, ainsi que la Loi de 2009.
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[16]
Voir leur site, http://www.robvq.qc.ca/organismes.php?id=-2
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[17]
Pour plus de détails, voir C. Choquette et A. Létourneau, Vers une gouvernance de l’eau au Québec. Québec, Éditions multimondes, 2008, où le projet de loi qui a mené à la loi de 2009 est discuté par plusieurs experts en droit.
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[18]
Comparer la carte qui suit, http://www.strategiessl.qc.ca/gisl.html, avec la carte fournie sur le site du MDDEP, toutes deux colligées en juillet 2009 : http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/bassinversant/redecoupage/inter.htm.
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[19]
John Dewey, Theory of Valuation. Chicago, University of Chicago Press, 1939.
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[20]
Michel Callon, Pierre Lacoumes, Yannick Barthe, Agir dans un monde incertain. Paris, Seuil, 2001.
-
[21]
Dewey, op. cit., 1939.
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[22]
Sur ce dernier point, il est possible de consulter Sissela Bok, Secrets. On the Ethics of Concealment and Revelation. New York, Vintage Books, 1989.
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[23]
Voir sur ce point un bref exposé dans Giddens, 2009, op. cit., p. 66.
Bibliographie
- Sissela Bok, Secrets. On the Ethics of Concealment and Revelation. New York, Vintage Books, 1989.
- Boris J. Brummans, Linda L. Putnam, Barbara Gray et al. (2008). « Making Sense of Intractable Multiparty Conflicts : A Study of Framing of Four Environmental Disputes ». Communication Monographs 75: 1, 25-51.
- Michel Callon, Pierre Lacoumes, Yannick Barthe, Agir dans un monde incertain. Paris, Seuil, 2001.
- Vasuhda Chhotray et Gerry Stoker, Governance Theory and Practice: A Cross Disciplinary Approach. Londres, Palgrave MacMillan, 2009.
- Catherine Choquette et Alain Létourneau (dir.), Vers une gouvernance de l’eau au Québec. Québec, Éditions multimondes, 2008.
- Emmanuelle Danblon, La fonction persuasive.Anthropologie du discours rhétorique : origines et actualité. Paris, Armand-Colin, 2005.
- Robert E. Freeman, Strategic Manoeuvering: A Stakeholder Approach. Boston, Pitman, 1984.
- Anthony Giddens, The Politics of Climate Change. Cambridge, Polity, 2009.
- Guy Hermet, « La gouvernance serait-elle le nom de l’après-démocratie? L’inlassable quête du pluralisme limité », dans Guy Hermet, Ali Kazancigil et Jean-François Prud’homme, La gouvernance. Un concept et ses applications. Paris, Éditions Karthala, 2005.
- Alain Létourneau, « Le jugement en acte. Quelques questions environnementales », dans A. Lacroix (éd.), Éthique appliquée, éthique engagée. Réflexions sur une notion. Montréal, Liber, 2006, p. 105-123.
- Laurence E. Lynn, Public Management : Old and New. New York, Routledge, 2006.
- Robert Paehlke, « Espace biophysique et sens des proportions : pour une politique environnementale à la bonne échelle », dans Edward A. Parson (dir), Gérer l’environnement. Montréal, PUM. 2001, p. 79 ss.
- Charles S. Peirce, Oeuvres philosophiques v. 1, Paris, Cerf, 2002.
- Gilles Paquet, Crippling Epistemologies and Governance failures. A Plea for Experimentalism. Ottawa, University of Ottawa Press, 2009.
- Gilles Paquet, Pathologies de la gouvernance. Montréal, Liber, 2004; voir aussi G. Paquet, Gouvernance, mode d’emploi. Montréal, Liber, 2009.
- Gilles Paquet, Gouvernance mode d’emploi, Montréal, Liber, 2009.