Résumés
Résumé
À propos de la revue Liberté, dont il a été un cofondateur, André Belleau a maintes fois réitéré son caractère « ouvert » — d’une ouverture toutefois paradoxale, à la fois accueillante à l’Autre et néanmoins centrée sur elle-même. Dans le présent article, il est question d’observer comment Belleau a composé avec l’« épreuve de l’étranger » (Berman) par le truchement de la référence à une tradition étrangère, en l’occurrence allemande. Au terme d’un parcours analytique qui puise principalement dans les archives de l’essayiste (notes préparatoires, premières versions, notes de lecture, plans de cours et notes de cours, etc.), il apparaît que, pour Belleau, le recours à l’Allemagne, plus patent dans les marges et dans le versant oral de sa pratique que dans l’oeuvre publiée, constitue l’une des voies de sortie possibles du déterminisme « selon lequel un Québécois ne parle toujours, en définitive, que du Québec » (Dumont). Cette sortie comporte toutefois le risque de s’isoler et de se retrouver sans communauté, comme les écrivains romantiques marginalisés des cités atomisées de l’Allemagne des xviiie et xixe siècles ; ce risque, Belleau aura sans cesse tenté de le circonvenir en négociant une « ouverture » à l’altérité dont la complexité est analysée ici.
Abstract
Speaking of Liberté, the journal that he cofounded, André Belleau often reiterated its “open” character—an openness that was paradoxical in that it both welcomed the Other and was centred on itself. In this article, the goal is to observe how Belleau handled the “trials of the foreign” (Berman) through references to a foreign tradition, in this case Germany. An analysis focusing chiefly on the essayist’s archives (preparatory notes, first drafts, reading notes, syllabi and course notes, etc.), shows that for Belleau, the move towards Germany—more apparent in the margins and the oral dimension of his practice than in his published work—was one way out of the determinism “according to which a Québécois, ultimately, never speaks of anything except Québec” (Dumont). However, those who take this way out may become isolated and find themselves without a community, like the marginalized Romantic writers of Germany’s atomized cities in the 18th and 19th centuries. This is a risk that Belleau always tried to parry by developing the “openness” to alterity discussed in this article.
Resumen
A propósito de la revista Liberté, de la cual fue cofundador, André Belleau reiteró varias veces su carácter ‘abierto’ —no obstante una apertura paradójica, a la vez acogedora con el Otro y sin embargo centrada en sí misma. En el presente artículo, se trata de observar cómo Belleau transigió con la “prueba del extranjero” (Berman) mediante la referencia a una tradición extranjera, en este caso, la alemana. Al finalizar una trayectoria analítica que se alimenta principalmente de los archivos del ensayista (notas preparatorias, primeras versiones, apuntes de lectura, planes y apuntes de cursos, etc.), parece que, para Belleau, el recurso a Alemania, más patente en los márgenes y en la vertiente oral de su práctica que en la obra publicada, constituye una de las posibles vías de salida del determinismo “según el cual un quebequense no habla, en definitiva, más que de Quebec” (Dumont). Sin embargo, esta salida comporta el riesgo de aislarse y encontrarse sin comunidad, al igual que los escritores románticos marginados de las ciudades atomizadas de la Alemania de los siglos XVIII y XIX; Belleau trató constantemente de eludir este riesgo negociando una ‘apertura’ a la otredad cuya complejidad se analiza aquí.