Étude bibliographique

Les sécuritaires français et le 11 septembre 2001[Record]

  • Dany Deschênes

Comme le souligne bien la citation mise en exergue, jusqu’au 11 septembre 2001, une majorité de citoyens et de personnalités politiques tant aux États-Unis qu’au Canada, considéraient que le terrorisme international était un phénomène de violence politique qui ne les touchait guère. Depuis lors, cette problématique qui secouait déjà diverses régions du monde, dont l’Europe, a frappé de plein fouet les opinions publiques nord-américaines. Dans le cas plus précis du Canada, il est assez évident que la très grande majorité de la population considère que ce pays est le royaume de la paix. Pourtant, dans un document récent, le Service canadien du renseignement de sécurité (scrs) soulignait, sans donner de chiffres exacts, que le Canada est un pays où la présence terroriste est très élevée : il est le deuxième après les États-Unis. Il est maintenant évident que le problème de sécurité, qui découle du terrorisme international, fait maintenant partie des priorités de la majorité des gouvernements du globe, dont le Canada. Par ailleurs, depuis la tragédie qui a frappé notre voisin du sud, le mardi 11 septembre 2001, une littérature pléthorique a vu le jour. À travers celle-ci, les spécialistes des questions de sécurité ont souvent proposé une lecture riche mais contradictoire des événements du 11 septembre. À cet égard, les livres maintenant publiés sur le terrorisme ont presque tous une section s’attardant aux attentats qui frappèrent le World Trade Center (wtc) et le Pentagone. De plus, on retrouve des ouvrages écrits « à chaud », c’est-à-dire quelque temps après, qui tentent d’expliquer, autant que faire se peut, ces mêmes événements. La présente étude bibliographique s’intéresse donc à ces deux types d’ouvrages parce qu’ils ont le même objectif final : comprendre le phénomène du terrorisme international qui s’est manifesté alors, dont entre autres, les causes et les conséquences possibles du quadruple détournement d’avions civils transformés en bombes volantes ce fatidique 11 septembre 2001. À travers la multitude d’ouvrages possibles, nous avons décidé de nous attarder essentiellement à la perception des sécuritaires français. Au-delà du célèbre texte de Jean-Marie Colombani du journal Le Monde, le 12 septembre 2001, qui affirmait « Nous sommes tous Américains », une partie de l’intelligentsia française cultive une certaine tendance à l’antiaméricanisme. De même, la politique étrangère de la France cherche souvent à afficher sa distance par rapport à celle de Washington. Dans le cas de l’analyse du 11 septembre 2001, les sécuritaires français proposent certes une analyse critique de la politique étrangère des États-Unis, mais ils explorent un spectre beaucoup plus large : c’est ce qui fait la pertinence de s’y attarder dans la présente étude bibliographique. En plus, la France a été aussi la cible du terrorisme international depuis fort longtemps. Plus précisément, l’ouvrage sous la direction de Pascal Boniface, publié quelques semaines après les attentats, propose une réflexion s’articulant autour des conséquences du 11 septembre pour le système international, et sur certaines régions du globe : de l’Asie à l’Europe. En raison de la prépondérance des États-Unis, une bonne part des analyses des divers collaborateurs de Boniface, à l’Institut de relations internationales et stratégiques, s’attardent d’une manière ou d’une autre à l’hyperpuissance américaine, de sa politique étrangère au grand projet du bouclier antimissile. Par ailleurs, l’ouvrage de Gérard Chaliand propose d’insérer les événements du 11 septembre 2001 dans la trame du terrorisme, mais plus précisément dans la trame du terrorisme contemporain né en 1968 d’une double matrice : au Moyen-Orient et en Amérique latine. Chaliand cherche à mettre en exergue les conséquences des choix de politique étrangère des États-Unis datant de la guerre froide. En plus, …

Appendices