Dossier thématique

Perspectives et débats : table ronde et période de questions au colloque « Bâtir des ponts entre les francophonies canadiennes »[Record]

  • Richard LeBlanc

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  • Richard LeBlanc
    Université de Saint-Boniface/Université de Moncton

Comme nous l’avons mentionné en introduction à ce numéro, la table ronde du colloque « Bâtir des ponts entre les francophonies canadiennes » en 2021, a ouvert un espace de discussion fructueux, qui mérite d’être préservé sous forme écrite. Nous proposons ici une version adaptée à l’écrit des propos de la modératrice, Valérie Lapointe-Gagnon, de ceux des participants et participantes, Joel Belliveau, Édith Dumont, Rémi Léger et Sheila Risbud, ainsi que de ceux de Linda Cardinal et de Michelle Landry à la fin de la discussion. Dans cette adaptation à l’écrit, nous avons veillé à conserver les moments clés de la discussion, en mettant l’accent sur les idées principales exprimées par les participants et participantes à la table ronde. Cela permettra aux lecteurs de saisir l’essence des échanges et de tirer des enseignements précieux sur la construction de ponts entre les francophonies canadiennes. Mais d’abord, en guise d’introduction, voici un résumé des idées principales qui ont été présentées. Belliveau amorce sa présentation par un survol historique « des forces et des faiblesses » du fait français au Canada depuis 1867, survol qu’il divise en quatre périodes : la colonisation canadienne-française du xixe siècle, les réussites de « l’âge d’or du Canada français » au xxe siècle, les débats sur la Constitution du Canada et sur l’indépendance québécoise de 1968 jusqu’au début du xxie siècle et « ce qu’on pourrait appeler l’effet de la Charte », soit les conséquences de la Charte canadienne des droits et libertés. Dumont met en relief la force des solidarités qu’ont tissées les francophones canadiens depuis « l’époque du Règlement 17 en 1912 » en Ontario, par le biais du monde associatif et universitaire, des réseaux organisés et de l’intérêt québécois récent pour « la francophonie hors Québec », qui contraste avec l’exclusion historique vécue en Ontario français où « on s’est senti abandonné parfois, isolé » face à l’indépendantisme au Québec. Léger, pour sa part, met l’accent sur la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ), dont l’action a d’abord favorisé la solidarité et l’unité chez les francophones au Canada. Selon lui, les années qui ont suivi le référendum de 1995 au Québec se caractérisent par l’abandon de la dualité linguistique par la FFHQ et une « redéfinition de la francophonie ». Risbud signale la tension entre « la cause Mahé en 1990 » en Alberta demandant la gestion des écoles pour les francophones minoritaires, une cause qui a été plus unificatrice, et « la cause des parents du Yukon en 2015 » réclamant des droits linguistiques pour les francophones, une cause qui a poussé le Québec à adopter une position pouvant désavantager les minorités francophones hors Québec, l’éducation étant ainsi « un point fort » tout comme « la source d’un point faible » en contexte francophone minoritaire. Lors de la discussion entre les participants et participantes, centrée sur les possibilités d’édifier des ponts pour l’avenir, Léger souligne que « les projets concrets » des francophones suscitent davantage la mobilisation, comme l’illustre la lutte récente en faveur du Campus Saint-Jean, un cas confirmé par Risbud, qui souligne de son côté l’apport de la solidarité anglophone albertaine. Dumont mentionne également la solidarité anglophone, signale les ambitions de l’Université de l’Ontario français dans divers champs d’activité, comme « l’éducation, la recherche, la culture [et] les affaires » et rappelle le rôle de la solidarité interprovinciale qui a rendu son existence possible et qui, nous dit Dumont, doit durer « dans une perspective à long terme ». Belliveau explique ensuite que le déclin de l’idée d’un Québec souverain et les nouvelles politiques fédérales sur …

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