Recherche-création

Ce qui reste des images du futur[Record]

  • Viva Paci

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  • Viva Paci
    Université du Québec à Montréal

Les réflexions que l’on trouvera dans les pages du site Ce qui reste des images du futur sont le fruit d’un court voyage dans le temps et, plus précisément, dans le futur, dans le futur du passé. Elles supposent un certain goût des archives. Durant ma résidence de recherche au Centre de recherche et de documentation (CR+D) de la fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie en 2004, j’ai exploré la collection documentaire Images du futur. Cette collection au titre fort prometteur (et les ramifications que ma recherche a suscitées) retrace plus ou moins explicitement, plus ou moins consciemment, les aventures d’une idée, celle du futur. Ce que je suggère de retenir d’entrée de jeu, c’est qu’en pleine ère de développement technologique, dans les années qui ont accompagné l’explosion de la vidéo et la diffusion des « nouvelles technologies », Images du futur reflétait un champ de nouveautés et une curiosité populaire qui étaient plus solidement ancrés, en vérité, dans le présent technologique des années 1980 que dans un hypothétique futur (ce qui marque une importante nouveauté dans la représentation du futur à ce moment-là). Oeuvres d’artistes, dispositifs visionnaires, propositions d’ordre commercial et animations numériques étaient tous conviés sans discrimination institutionnelle à Images du futur (à visiter aussi : « Exposer »). J’ai discerné, par la suite, un autre type de discours dans les matériaux primaires et secondaires des oeuvres (portfolio de l’artiste, correspondance entre l’artiste et l’exposition qui décrit l’oeuvre proposée, « curriculum vitae » des oeuvres, etc.). Ce discours tendait généralement à valoriser le côté novelty d’un objet amusant ou le dispositif expérimental de chaque oeuvre. Ces deux niveaux de discours, dont j’ai construit certaines trajectoires, baignaient dans le milieu fertile des discours sur les nouveaux médias qui commençaient à envahir les sciences humaines, en prenant la place de l’histoire et de la philosophie de la technique; des auteurs comme Couchot et Manovich faisaient dès lors figure d’autorité. (VIII) pars pro toto – C’est à la lumière de tout ceci qu’Images du futur peut être considérée à juste titre comme tout à fait exemplaire de la période riche en expérimentations (les nouvelles technologies), en chevauchements entre institutions (issues de l’univers de la science, de la technologie, de l’industrie, des communications et de l’art), que constituent les dernières décennies du xxe siècle. Dans chacune des sections du site Ce qui reste des images du futur, j’ai isolé certains traits fondamentaux d’Images du futur et des oeuvres exposées pour les mettre en relation avec d’autres manifestations et tendances de l’époque. Il s’agit de thèmes qui traversent l’exposition et la débordent, des axes de réflexion et de recherche qui permettent d’observer les premiers temps de notre modernité. Deux fins de siècle (xixe et xxe), un nouveau régime de la vision qui s’instaure dans chacune, un nouveau mode de production d’images mouvantes, un changement dans les conditions de reproductibilité des images (par empreinte d’abord et par production de modèles ensuite) et de nouvelles conditions de réception qui s’imposent. La concrétisation du dispositif cinématographique et celle de la production industrielle de l’imagerie numérique font suite à des recherches d’ordre scientifique aussi bien que commercial. Et dans les deux cas, le dispositif cinématographique et l’imagerie numérique sont développés en grande partie dans les arts du spectacle. Le cinématographe s’impose à la croisée de plusieurs institutions (la photographie, les arts de la scène, le spectacle d’attractions foraines, l’exposition techno-scientifique) et l’imagerie numérique aussi (ce que nous verrons tout particulièrement dans notre échantillon d’Images du futur). Un certain fétichisme de l’inventeur ou …

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