Éditorial[Record]

  • Sylvie Vandaele

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  • Sylvie Vandaele
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Émanciper le futur : c’est le mot d’ordre qu’André Clas, en signant son dernier éditorial dans le premier numéro de 2008, a laissé à sa succession. Voilà un héritage enthousiasmant, un défi stimulant, auxquels Meta s’attaque en cette fin de première décennie du xxie siècle, tout en conservant la mission qui a toujours été la sienne : en 1986, André Clas rappelait que « la revue n’est pas l’organe d’une école particulière, d’un “clan” ou d’une “chapelle”, elle se veut un instrument de communication, de diffusion d’idée, un forum de progrès. Le seul critère de publication est la qualité des études ». Je laisserai à Salah Mejri et Gaston Gross le plaisir de rendre un hommage plus appuyé, dans un numéro spécial prévu en 2010, à celui qui est resté à la barre de la revue pendant une quarantaine d’années, et qui a vu s’épanouir, au fil des ans, la traductologie et ses rapports avec ses disciplines soeurs. Je me concentrerai plutôt – et ce sera un hommage indirect – sur quelques repères ponctuant l’histoire de Meta : 53 ans d’existence, et donc 53 volumes de quatre numéros par année, près de soixante-dix numéros spéciaux, plus de 500 collaborateurs, auteurs et évaluateurs confondus, qui ont contribué à la revue au fil des ans. Parcourir Meta depuis ses débuts, c’est accéder, non seulement à l’histoire de la revue, mais aussi à l’évolution des recherches relatives à la traduction, dont elle a été un acteur fondamental, dans le temps autant que dans l’espace. Les éditoriaux d’André Clas, dont sont extraits les faits qui composent le présent éditorial, sont autant de jalons qui marquent l’expansion de la revue et son internationalisation. On y suit aussi la progression de l’informatisation et l’émergence de nouvelles pratiques professionnelles, en parallèle de la constitution de cette encore jeune discipline qu’est la traductologie et des rapports qu’elle entretient avec l’interprétation, la terminologie et la lexicologie. La revue est fondée en 1955, sous le nom Journal des traducteurs – Translator’s Journal, par le Frère Stanislas-Joseph, premier directeur, Fernand Beauregard, Jean-Paul Riopel, Hélène Lanctôt et Gérard Labrosse. En 1956, Jean-Paul Vinay prend la relève, puis lui succèdent Blake T. Hanna, en 1966, et André Clas, en 1968. En 1966, la revue prend le nom de Meta – mais garde néanmoins les traces de son origine dans son intitulé complet, et Les Presses de l’Université de Montréal entrent en scène. Le premier numéro du volume 11, publié en 1966, comportait trois articles. Depuis, la revue n’a cessé de prendre de l’ampleur : comptant 160 pages en 1966, elle double en dix ans. Elle comprend environ 600 pages en 1988 et, à partir de 2004, atteint 900 à 1000 pages par année. En quarante ans, son volume s’est multiplié par six, avec une moyenne actuelle d’une douzaine d’articles par numéros, sans compter les compte-rendus. C’est au colloque de 1968 qu’André Clas propose la création d’une Banque de terminologie pour répondre aux besoins des traducteurs. La Banque de terminologie de l’Université de Montréal se met en place avec l’accord des partenaires (Office de langue française du Québec, Bureau des Traductions du Secrétariat d’État d’Ottawa, Université de Montréal). Pour souligner cet évènement, deux colloques se succèdent. Ils marquent également l’internationalisation de la revue. Le premier, qui a eu lieu au cours de l’automne 1970, portait sur trois thématiques : linguistique et théories de la traduction, traduction spécialisée, ordinateur (banque de mots) et traducteur. Le deuxième, en 1973, était centré sur la structuration sémantique du lexique, l’automatisation de la recherche lexicologique, la lexicologie unilingue ou bilingue et les dictionnaires. Cette internationalisation s’est vue …