Note de lecture

Gestion en contexte interculturel. Approches, problématiques, pratiques et plongées, sous la Direction de Eduardo Davel, Jean-Pierre Dupuis et Jean-François Chanlat, Les Presses de l’Université de Laval, 2008, avec la collaboration de Télé-Université (UQAM)[Record]

  • Jacques Jaussaud

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  • Jacques Jaussaud
    Université de Pau et des Pays de l’Adour

L’intensification des échanges et l’interpénétration croissante des économies au cours de ces dernières décennies conduisent un nombre croissant de responsables des affaires, dans les entreprises de toutes tailles, à devoir gérer tôt ou tard en contexte interculturel. De nouveaux pays s’industrialisent et participent aux échanges internationaux, accueillent des investissements étrangers; certaines de leurs entreprises, à leur tour, vont investir à l’étranger, comme en témoigne actuellement le cas chinois. Les grandes multinationales réorganisent leurs activités à l’échelle de la planète, alors que les entreprises plus petites apprennent à travailler avec des partenaires d’origines variées pour acheter ou vendre de manière efficiente. Le travail se fait donc de plus en plus en interaction et en collaboration entre personnes de nationalités et de cultures différentes. Ce projet est entrepris de manière ambitieuse, convoquant d’entrée de jeu les diverses disciplines des sciences sociales susceptibles d’éclairer les questions relatives à l’inter-culturalité, présentant les diverses approches qui ont pu être développées de ces questions. L’intention, propre au gestionnaire, reste bien d’éclairer l’intervention pour anticiper et résoudre les difficultés que peut poser le travail en contexte interculturel. Cela conduit à un ouvrage volumineux de quelques 472 pages, regroupant dix chapitres fondamentaux, complétés par un DVD riche d’études par pays et grandes zones culturelles. Avant d’entrer plus précisément dans la matière même de ce livre, il convient d’en souligner la cohérence d’ensemble. Bien qu’écrits par des auteurs différents, les chapitres sont judicieusement articulés et suivent une progression telle qu’on imagine le travail considérable de coordination qui a été réalisé tout au long de la rédaction. Trop d’ouvrages collectifs souffrent d’éclatement d’une part, de fastidieuses redites d’autre part; Gestion en Contexte Interculturel évite tout à fait l’un comme l’autre de ces deux écueils. L’ouvrage papier est structuré en trois parties complémentaires, consacrées respectivement aux approches de l’analyse interculturelle (I), aux problématiques interculturelles liées à l’internationalisation des entreprises (II), et aux pratiques de gestion des personnels et des équipes multiculturelles (III). Le DVD, intitulé « Plongées », est structuré en quatre parties par grandes zones géographiques (Amérique, Europe, Afrique – Moyen-Orient, et Asie – Océanie), avec pour chacune de ces zones, des contributions par pays, et un ensemble de documents audiovisuels permettant de bénéficier des analyses d’experts et de gestionnaires rompus aux questions interculturelles. En suivant la structure du livre, revenons brièvement sur les approches de l’analyse interculturelle (II), sur les problématiques interculturelles (III) et sur les pratiques de gestion des personnels et des équipes multiculturelles (IV). Cette première partie du livre vise à cadrer la question interculturelle, du point de vue général des sciences sociales tout d’abord (Chapitre 1), puis du point de vue des sciences de gestion (Chapitre 2). Le troisième chapitre propose ensuite de dépasser les approches traditionnelles visant à identifier et interpréter les différences culturelles au profit d’une approche interactionniste. Dans le premier chapitre, Jean-François Chanlat rappelle tout d’abord que la rencontre interculturelle est probablement aussi ancienne que l’humanité. Il souligne que la découverte de l’altérité se traduit depuis la nuit des temps par le racisme, phénomènes que le détour par les sciences sociales que sont la psychologie et la sociologie aide à cerner. L’étude qu’il développe de ce phénomène, riche de références historiques et d’actualité, est bien entendu intéressante en elle-même, mais également utile pour le gestionnaire, qui perçoit ainsi les risques auxquels expose l’interaction interculturelle si elle n’est pas préparée et vécue avec prudence et recul. Il n’est pas question de reprendre ici l’ensemble d’un raisonnement parfaitement convaincant. Permettons-nous simplement de rebondir sur une question ouverte par l’auteur, mineure par rapport à l’objet de son propos, majeure pour le lecteur français que nous sommes. …