Dossier

Le travail social : nouveaux enjeux, nouvelles pratiques[Record]

  • Clément Mercier and
  • Réjean Mathieu

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  • Clément Mercier
    Département de service social
    Université de Sherbrooke

  • Réjean Mathieu
    École de travail social
    Université du Québec à Montréal

En mars 1999, au lieu d'organiser un colloque de la revue NPS comme on l'avait fait les années précédentes, nous avons préféré organiser un séminaire sur les pratiques sociales en émergence dans le champ des services sociaux, que ce soit dans les institutions ou dans les organismes communautaires. Le choix du thème de ce séminaire se voulait en continuité et en complémentarité avec les États généraux du travail social tenus en 1998 par l'Ordre professionnel des travailleurs sociaux du Québec (OPTSQ), en collaboration avec le Regroupement des unités de formation universitaire en travail social (RUFUTS). Initié et animé par les membres de l'OPTSQ, les États généraux ont principalement porté sur les problèmes et sur l'avenir du travail social « professionnalisé », c'est-à-dire de ce qui, à travers un système explicite et formalisé de connaissances et d'actes spécifiques, définit une identité professionnelle du travail social et en même temps le distingue des autres pratiques professionnelles et occupations évoluant dans le même champ, dans le cadre des institutions et organismes de notre système de services sociaux et de santé. Sans vouloir en réduire la valeur et la portée, il faut reconnaître qu'en traitant les problèmes de pratique avec ce regard de l'agir professionnel « constitué » et du cadre organisationnel dominant (sociosanitaire), l'exercice n'a pu faire porter la réflexion sur l'ensemble des problèmes de la pratique sociale, c'est-à-dire sur les problèmes sociaux non reconnus et balisés par des programmes et les pratiques sociales émergentes ou ne se définissant pas selon les règles et les identités des professions. C'est précisément sur ce terrain que nous avons voulu prolonger la réflexion par le séminaire NPS ; celui-ci, qui a réuni plus d'une cinquantaine de personnes pendant une journée complète, a été l'occasion de présentations et d'échanges extrêmement riches sur des projets et expériences qui tentent d'aborder des problèmes sociaux peu ou pas connus et d'introduire de nouvelles façons de procéder dans les pratiques. On y a vu qu'innover dans le champ du travail social était difficile mais possible, grâce à de bonnes doses de créativité et d'audace, à un désir et une capacité d'adapter l'agir aux réalités plus complexes et lourdes de la pauvreté et des marginalités nouvelles. Ces pratiques nouvelles, qui ne peuvent toutefois être qualifiées de novatrices du seul fait de leur nouveauté ou de leur apparition comme réponses « hors normes », présentent en général beaucoup d'intérêt, car elles constituent des tentatives de réponses aux nouveaux problèmes sociaux, comme à ceux pour lesquels les solutions traditionnelles se sont révélées inadéquates. Comme elles sont encore peu ou mal définies, et le plus souvent en rupture avec les modèles et règles établis, ces pratiques nouvelles se heurtent souvent aux « acquis » organisationnels et professionnels, qui n'existent pas uniquement dans les institutions, mais aussi, de plus en plus maintenant, dans les organismes communautaires. Elles offrent pourtant la possibilité de développer de nouveaux savoirs, qui interpellent les façons de faire traditionnelles et les savoirs constitués des professions organisées et des formations universitaires qui les alimentent. Cela est particulièrement vrai de la profession du travail social, qui s'est toujours définie par sa capacité à porter un « regard social » sur l'intervention psychosociale, c'est-à-dire à contextualiser les problèmes sociaux des individus dans leur univers social. Les temps sont difficiles pour l'intervention sociale en général, et pour le travail social professionnel en particulier, en raison des nombreux changements récents qu'on a connus avec les restructurations dans les services sociaux et de santé. Mais, contrairement à la tendance qui voit surtout les enjeux sous l'angle de la menace, il nous semble qu'il faille considérer les éléments positifs …

Appendices