Présentation[Record]

  • Clara Foz and
  • Francisco Lafarga

…more information

  • Clara Foz
    Université d’Ottawa

  • Francisco Lafarga
    Université de Barcelone

Ce deuxième numéro de TTR consacré à la notion de représentation (notion éminemment pertinente dans le champ des pratiques traductives quelle que soit leur inscription dans l’espace et le temps) et à certaines de ses manifestations liées d’une manière ou d’une autre au monde hispanique, un monde « désuni » par la langue, comme a pu l’écrire Jorge Edwards, mais dont la construction ou mieux les constructions, identitaires, en particulier, doivent beaucoup à des pratiques de traduction assimilables à des négociations et à des transferts de tous ordres, présente un parcours qui va de la Nouvelle Espagne du XVIe siècle à la période contemporaine. Il témoigne, d’une part, de la variété des pratiques traductives et, d’autre part, de la pertinence, voire de la nécessité d’employer, pour les analyser et en rendre compte, soit pour en quelque sorte « représenter » ces « représentations », des outils empruntés à d’autres disciplines, en particulier l’histoire et la sociologie ou l’anthropologie. Un éclairage interdisciplinaire essentiel à une cartographie, nécessairement partielle et partiale, de l’immense territoire que représentent les pratiques traductives, leurs acteurs ou agents, leurs raisons d’être et leurs modalités, voire leurs manques, leurs absences et leurs limites. Une géographie nécessairement intuitive, personnelle, mais aussi institutionnelle, culturelle au sens large, chaque objet, chaque discours étant marqué par des pratiques sociales formant réseau. Ce numéro s’ouvre avec deux articles qui portent sur l’Amérique coloniale, un terrain particulièrement exigeant dans lequel la traductologie s’est peu aventurée jusqu’à maintenant : la somme de savoirs accumulés grâce aux travaux des historiens, des anthropologues, mais aussi des philologues et des linguistes spécialistes des langues anciennes est au demeurant impressionnante. Ce que ces deux articles montrent, cependant, chacun à sa manière, celui de Gertrudis Payàs, « Nationalism Studies Applied to a Register of Mexican Colonial Translations. Interim Report », par des propositions d’ordre méthodologique, celui de Lydia Fossa, « The Inkas as Tyrants : The Construction of a Twisted Representation », par un point de vue clairement revendicateur, c’est l’évidente nécessité de considérer les pratiques de traduction des époques coloniales pour ce qu’elles ont été, à savoir des instruments de production ou de reproduction de représentations collectives. Le travail de Gertrudis Payàs ouvre une voie et propose, pour la première fois dans le cadre de la période coloniale mexicaine, une périodisation ou catégorisation fondée sur les pratiques de traduction. Mieux encore, sa démarche se démarque par une volonté clairement affirmée d’expliquer, d’ouvrir un chemin, une route et d’en décrire les embûches ainsi que les manières de le baliser, d’en prendre les mesures. Plus revendicateur dans sa nature et davantage axé sur une approche postcoloniale qui prône sans détour la lecture critique de textes datant de la période coloniale (au Pérou, dans ce cas-ci), l’article de Lydia Fossa montre combien par la représentation qui est faite des Incas dans l’Histoire que Pedro Sarmiento de Gamboa leur consacra en 1571 (Historia General llamada Indica) les enjeux idéologiques tels que vus par les colonisateurs l’emportent sur tout le reste. Le statut d’icone culturelle de celui dont le portrait figure sur certains billets de 10 £ et qui se classait en 2002, soit 193 ans après sa mort, au quatrième rang du palmarès des Great Brittons de la BBC n’est plus à démontrer. Moins connue, sans doute et plus anecdotique, pour sûr, est la place qu’il occupe, en Espagne, sur l’étiquette d’une liqueur à l’anis précisément baptisée Anis del Mono. Mais si Darwin, (car, vous l’aurez compris, c’est de lui qu’il s’agit) demeure plus que jamais d’actualité, que dire de la manière dont le journal qu’il tint pendant le …

Appendices