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271.Plus d’information
Depuis plusieurs années, l'histoire de la sexualité au Québec s'est enrichie de nombreuses publications qui couvrent l'ensemble des XIXe et XXe siècles. Il semble néanmoins que la période des années 1960, pourtant très riche du point de vue du bouleversement des moeurs, ait reçu jusqu'ici une attention mitigée de la part des chercheurs. Elle correspond pourtant à une période d'intenses remises en question de la sexualité, non seulement en continuité avec les tendances libérales à la privatisation du corps et la montée de l'individualisme et de l'intimité, mais à l'intérieur même du courant nationaliste qui n'hésite pas à recycler la sexualité dans sa rhétorique émancipatrice. C'est du moins ce qui ressort d'une lecture des numéros de Parti pris. Dans les pages de cette revue, les auteurs s'interrogeaient sur la sexualité des Canadiens français, sur leurs valeurs, leurs pratiques et leurs inhibitions. Ils replaçaient la question de la sexualité québécoise dans un cadre sociologique et envisageaient sa solution de manière collective. Pour les collaborateurs de Parti pris, un nouvel érotisme allait permettre non seulement l'épanouissement plein et entier de chaque individu, mais le libre déploiement de l'imaginaire national. S'inscrivant dans l'optique de la décolonisation tout en recyclant plusieurs motifs phallocratiques, ils trouvaient dans le sujet de la sexualité matière à revoir toujours le même problème de l'aliénation et de l'exploitation des Canadiens français. La libération sexuelle, vue à travers un prisme fondamentalement masculiniste, représentait, aux yeux de ces utopistes, une facette essentielle de la libération humaine globale.
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272.Plus d’information
Dirigée au sortir de la décolonisation par une France qui peut s'appuyer sur une vocation messianique souvent proclamée et une longue tradition en matière de politique culturelle, la mise en place de l'ensemble politico-linguistique de la francophonie est également stimulée par divers élans culturels qui se produisent de façon simultanée dans les périphéries francophones. Il s'agit dans cet article d'évaluer quels ont été les moteurs de ces renouveaux identitaires qui s'expriment de diverses manières au cours des années 1960 et 1970. Au Québec, par une « Révolution tranquille » qu'accompagne une autonomisation du champ culturel, dont les vecteurs les plus connus (chansonniers, poètes) s'exportent avec succès sur le terrain francophone. En Suisse romande, par l'émergence d'une nouvelle génération prompte à s'engager pour briser les cadres établis d'une culture suisse qu'elle juge rigidifiée, et qui exprime ses nouvelles forces créatrices en dynamisant divers secteurs culturels (cinéma, chanson, théâtre, littérature) dont la réputation dépasse rapidement les frontières du pays. Dans quelle mesure l'émergence et le développement de ces élans culturels francophones, qu'ils proviennent de nouveaux centres institutionnels ou de champs culturels périphériques (même s'ils ne sont pas directement affiliés aux actions menées par les mouvements indépendantistes alors très engagés, au Québec comme dans le Jura suisse, dans un combat identitaire fondé sur la défense de la langue française) ont-ils été considérés comme un danger politique par les autorités fédérales helvétiques ou canadiennes ? L'analyse des relations culturelles bilatérales Québec-Suisse durant la période charnière de la Révolution tranquille permet d'évaluer pour chaque partenaire le degré d'autonomie du champ culturel vis-à-vis de la sphère politique.
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