Documents repérés
-
52.Plus d’information
RésuméOn convient aisément que tout témoignage peut renvoyer à une expérience, passée ou du moins présupposée, ou encore qu'il peut véhiculer en quelque sorte un message. Il ne se réduit pas pour autant à n'être qu'une fenêtre sur autre chose, voire sur lui-même. En vérité, parce qu'il est avant tout parole, le témoignage constitue toujours et se constitue précisément en un certain ratage de l'expérience là représentée, du message là livré, du vécu là offert. Un examen de certaines conditions épistémologiques de cet enjeu de la représentation au coeur du témoignage, en écho à la philosophie de Paul Ricoeur mais pour en signaler le point aveugle, permet d'élucider que cet enjeu y est second — ce qui ne signifie en rien : secondaire — par rapport à un enjeu herméneutique bien plus originaire, bien plus radical et fondamental que la représentation elle-même : celui de (l'acte de) la parole. Au travers du témoignage, une parole (s')atteste autant qu'elle (s')efface.
-
54.Plus d’information
Des écrits montrent que des liens étroits unissent la souffrance et l'interprétation du temps chez les femmes âgées et les personnes atteintes de cancer. La définition de la souffrance de Ricoeur (1994) et les constats d'autres penseurs nous ont poussés à tenter de comprendre comment la souffrance des femmes âgées atteintes d'un cancer incurable se lie à leur interprétation du temps. Pour cela, nous avons fait une recherche qualitative, fondée sur les témoignages de femmes âgées atteintes d'un cancer incurable. Les résultats dévoilent que l'attente et l'annonce du cancer sont des événements du passé, souffrants à vivre. Plusieurs vivent leur présent au jour le jour, profitent du moment et de leurs capacités actuelles pour ne pas penser au futur, source de désespoir et/ou associé à la mort. Cette étude contribue à redéfinir, à mieux questionner et comprendre la souffrance des femmes âgées atteintes d'un cancer incurable.
Mots-clés : Temps, souffrance, cancer, vieillissement, femmes, mort, Time, suffering, cancer, aging, women, death
-
56.Plus d’information
Contre l'idée d'un temps fixe enveloppant notre expérience, les travaux de Paul Ricoeur nous permettent de penser que non seulement notre expérience du temps n'est pas si fixe qu'elle n'y paraît, mais qu'elle est en outre transformée par des refigurations découlant de nos médiations objectives. Ces médiations objectives ne se limitent pas à la narration, mais couvrent également l'amnistie, la prescription, la promesse, le pardon et les objets de notre monde familier. Chacune à leur façon, les médiations examinées opèrent une synthèse du passé, du présent et du futur, au point de bouleverser le temps chronologique et successif du courant de la conscience. Ultimement, nous prendrons les réflexions de Paul Ricoeur comme ressources pour penser les implications éthiques des transformations de notre expérience du temps. Car chaque expérience du temps n'ouvre et ne ferme pas les mêmes possibilités, comme le rapport entre le pardon et l'homme capable devrait le montrer.
-
57.Plus d’information
Dans cet article, nous interrogeons l'apport spécifique d'une recherche qui se base sur l'interprétation d'un mythe. En nous inspirant principalement de la phénoménologie de Mircea Eliade et de la philosophie réflexive de Ricoeur, nous décrivons le rôle passé et présent de la mythologie, en passant par l'exploration de sa valeur symbolique. L'herméneutique, discipline philosophique traditionnellement associée à l'exercice de l'interprétation, est aussi abordée : nous y découvrons une créativité qui lui est impartie et qui fait écho à la créativité du mythe lui-même. Notre réflexion culmine avec la question de la fertilité de l'interprétation que nous découvrons plus appropriée à notre domaine et à notre objet d'étude que celle de la validité des résultats. Finalement, nous nous penchons sur la question de la pertinence de l'étude du mythe pour le chercheur en psychologie en explorant les variations symboliques de son expressivité.
Mots-clés : FERTILITÉ, HERMÉNEUTIQUE, INTERPRÉTATION, MYTHOLOGIE, PSYCHOLOGIE
-
58.Plus d’information
Partant d'une brève remarque de Husserl dans Ideen I, l'auteur introduit la notion d'imagination mobilisatrice : cette capacité non pas simplement de reproduire des événements passés dans une visée de vérité, mais de les rassembler afin de fertiliser l'intuition. Après avoir montré que Ricœur lui aussi, notamment dans La mémoire, l'histoire, l'oubli, ne considère l'imagination que dans sa fonction irréalisante (c'est-à-dire de production de fictions), l'auteur montre comment une théorie de l'imagination mobilisatrice est indispensable à une théorie contextuelle de la morale : car c'est dans le contexte (plus précisément dans ce qu'il appelle le ContexteMoralObjectif) que l'imagination puise les contenus normatifs contrefactuels qui l'alimentent.
-
59.Plus d’information
Depuis ses premiers travaux pour élaborer une phénoménologie de la volonté jusqu'à son tout dernier écrit inachevé sur la mort, Paul Ricœur a médité sur le problème du mal. Or, à l'intime de sa vie, une épreuve terrible l'a frappé, celle du suicide de l'un de ses fils. L'article tente d'évaluer en quoi la pensée de Ricœur sur le mal s'est modifiée et approfondie à la suite de ce malheur. Il repère plusieurs déplacements. Héritier de Jean Nabert, Ricœur dépasse la catégorie de l'injustifiable vers celle de l'intolérable. Ami critique d'Emmanuel Lévinas, il affirme la nécessité de ne pas déposséder le sujet atteint par l'inintégrable du mal, de son initiative et de sa capacité d'attestation de soi. Enfin, admirateur de Kant et lecteur des psaumes, il retrouve au fondement ultime de toute nécessaire estime de soi, l'idée-limite d'une bonté radicale du créé et la catégorie d'une espérance « en dépit de » face à l'inscrutable.