Comptes rendus : Régionalisme et régions - Canada

Donneur, André (dir.), Le Canada, les États-Unis et le monde. La marge de manoeuvre canadienne, coll. Politique étrangère et sécurité, Sainte-Foy, qc, Les Presses de l’Université Laval, 2005, 195 p.[Notice]

  • Dany Deschênes

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  • Dany Deschênes
    Département d’histoire et de sciences politiques
    Université de Sherbrooke

Avec la fin de la guerre et suivant le 11 septembre 2001, la position du Canada sur l’échiquier international suscite de nombreuses analyses parmi la communauté scientifique. Ces analyses abordent nécessairement les relations particulières entre le Canada et son puissant voisin du sud, les États-Unis d’Amérique. Les travaux colligés sous la direction d’André Donneur visent donc à étudier ces relations particulières et tenter d’y circonscrire « la marge de manoeuvre canadienne ». L’ouvrage se compose de cinq études particulières en plus d’une introduction et d’une conclusion. En introduction, Donneur explique que les études que l’on retrouve dans cet ouvrage se veulent le prolongement de celles publiées en 2004 sous la direction d’Albert Legault dans Le Canada dans l’orbite américaine. Donneur présente à nouveau le cadre d’analyse développé par le Groupe de recherche sur la politique étrangère canadienne de l’uqam ainsi que les principaux points et conclusions contenus dans l’ouvrage précédent. Plus précisément, l’objectif de ce nouvel ouvrage est de poursuivre la réflexion autour de l’hypothèse identifiée dans le livre précédent, à savoir que les relations avec les États-Unis sont caractérisées « par une certaine opérabilité que favorise la géographie de proximité, tout en permettant une marge de manoeuvre » canadienne. Dans le premier chapitre, Nelson Michaud s’attarde à une dimension incontournable dans toute discussion sérieuse sur l’élaboration et la mise en oeuvre de la politique étrangère du Canada : les valeurs. L’auteur propose de les regrouper sous deux rubriques : les valeurs psychosociales, qui réfèrent à l’identité canadienne, et les valeurs politico-opérationnelles, « conceptualisées et mises en application par les décideurs en matière de politique étrangère eux-mêmes (p. 21) ». Il explique la prégnance de l’histoire dans leur structuration et leur permanence dans la politique étrangère canadienne. Il propose également un survol des plateformes politiques des cinq principaux partis au Canada lors de l’élection de 2004 (le Parti libéral du Canada, le Parti conservateur du Canada, le Nouveau parti démocratique, le Bloc québécois et les Verts). Or, il constate que les valeurs ne sont pas nécessairement au diapason de la conjoncture internationale présente. Par contre, l’énoncé de politique étrangère rendu public en 2005 remet en cause, au dire même de Michaud, ces premiers constats. L’énoncé actuel montre une meilleure adéquation entre les défis actuels et revampe l’expression des valeurs canadiennes. Par inadvertance très certainement, Michaud affirme en conclusion que les plateformes politiques analysées réfèrent aux partis politiques ayant eu des élus lors de l’élection de 2004 ; or, ce n’est pas le cas pour les Verts. Pour leur part, André Donneur et Valentin Chirica s’intéressent à l’évolution du cadre sécuritaire entre les États-Unis et le Canada principalement depuis le 11 septembre 2001. C’est donc la lutte au terrorisme qui se retrouve au centre de l’analyse. On constate aussi que ce texte est un prolongement d’autres études déjà effectuées par ces auteurs sur cette même problématique. Les auteurs décrivent bien les principales démarches et modifications institutionnelles et légales qui ont vu le jour au Canada depuis 2001, dont une analyse de la première politique de sécurité nationale canadienne. Contrairement à certaines idées, les deux auteurs constatent que les États-Unis n’ont pas imposé l’adoption de certaines mesures spécifiques au Canada. Par contre, même si le texte y revient en conclusion, on remarque l’absence d’un acteur important lorsqu’il s’agit de sécurité non militaire : les provinces. Sous cet angle, les mesures adoptées par certaines provinces, les coopérations transfrontalières institutionnalisées entre certains États américains et certaines provinces canadiennes auraient mérité une place dans l’analyse. De son côté, Stéphane Roussel s’attarde aux relations de défense entre les deux pays à travers l’institutionnalisme. Il …