Comptes rendus : Théorie, méthode et idées

Ackerly, Brooke A., Maria Stern et Jacqui True, Feminist Methodologies for International Relations, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, 316 p.[Notice]

  • Laure Paquette

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  • Laure Paquette
    Department of Political Science
    Lakehead University, Ontario, Canada

Qu’est-ce que la recherche féministe en relations internationales ? Quelles sont ses méthodes ? A-t-elle une ou des méthodologies qui lui sont propres ? Selon quels critères et pour répondre à quelles questions ont-elles été développées ? Sont-elles utiles pour comprendre d’autres problèmes que ceux pour lesquelles elles ont été formulées ? Voilà les questions sur lesquels se penche Feminist Methodologies. Les réponses que nous proposent les directrices de la collection dans douze chapitres bien comptés s’adressent à un auditoire d’étudiants et de chercheurs qui examinent soit la politique mondiale, soit le féminisme intellectuel, soit les relations internationales. Les directrices de la collection espèrent ainsi apporter un regard neuf sur l’innovation méthodologique du féminisme en relations internationales et sur les méthodes empruntées aux autres domaines par les chercheurs féministes. D’intérêt tant pour l’actualité que pour les sujets plus usités, ce volume rend accessible à ses lecteurs un répertoire plus large des méthodologies féministes. Les douze contributions qui constituent l’ouvrage portent soit sur différents aspects des relations entre l’ontologie, l’épistémologie, et la méthodologie, soit sur comment celles-ci informent et influencent la recherche en relations internationales. Pris dans son ensemble, cet ouvrage présente les avancées méthodologiques féministes de ces dernières années. Elles sont assez puissantes pour s’atteler aux tâches plus complexes qu’exigent les multiples foyers d’analyse et la compréhension des carrefours régionaux de relations sociales. Elles s’appliquent aussi bien aux sujets plus marginalisés qu’à des thèmes plus classiques. Du fait qu’elles se prêtent autant à des analyses aux niveaux plus élevés d’abstraction qu’à ceux plus bas de la pratique, et qu’elles procèdent autant par induction que par déduction, les quelques exemples rassemblés dans l’ouvrage se montrent particulièrement féconds pour la recherche transnationale. Les méthodes féministes emploient l’ontologie traditionnelle des relations internationales qui ciblent les États, les conflits et les institutions internationales. Elles se servent de l’analyse des sites marginaux pour revoir les concepts de sécurité, de souveraineté, de nationalité, et de politique mondiale. La plupart des essais traitent des relations de pouvoir en termes de classes, de race, d’ethnicité, de sexe, et des autres inégalités. Tout cela est d’une complexité intimidante, et souligne le grand thème du livre : le féminisme ne se limite plus à l’étude des femmes et des relations entre les sexes ; on ne peut plus étudier les États et les conflits sans comprendre les relations entre les sexes ; et on ne peut plus comprendre les relations entre les sexes sans comprendre ce que sont les conflits, les États et les institutions. Cet ouvrage complexe à recenser se divise en trois parties. La première porte sur les débats en relations internationales entre les chercheurs féministes et les autres. Cette première partie offre trois lectures différentes sur l’histoire intellectuelle des engagements féministes en relations internationales. Elle examine aussi les difficultés et les différences qui entourent ce carrefour. J. Ann Tichner se demande pourquoi les féministes n’adaptent tout simplement pas les méthodes principales, telles que l’exploration et la formulation d’hypothèses concernant la hiérarchie des genres et les comportements étatiques. Marysia Salewski explore l’engagement méthodologique avec les relations internationales, offrant ainsi une alternative à la position de Tichner. Elle examine les contours et les paradoxes de la méthode féministe en se servant d’une approche généalogique. Laurel Weldon souligne l’absence d’enthousiasme des chercheurs féministes pour tout ce qui est unique dans l’analyse des points de vue marginalisés, et met en évidence que cette absence diminue l’importance des contributions méthodologiques féministes. La seconde partie de l’ouvrage offre cinq discussions épistémologiques sur la recherche féministe telle qu’elle est pratiquée par chacune des auteures. Les domaines de recherche sont tous d’intérêt actuel : …