Résumés
Résumé
Le témoignage est un acte de langage et un acte de discours. Lorsque nous l’étudions du point de vue de l’énonciation et plus précisément du point de vue de la réception, le nom propre du témoin joue un rôle important. Cet article met en évidence les propriétés de ce nom à partir de l’exemple du roman de Yannick Haenel, Jan Karski, où le nom « Jan Karski » a une référence multiple et un statut pluriel. Dans le roman, ce nom propre se laisse analyser en tant que nom d’auteur de plusieurs publications de témoignage, en tant qu’anthroponyme et enfin en tant que nom de témoin associé à la voix d’un autre, plus exactement à la voix de l’auteur du roman. Nous utilisons le concept de « nom d’auteur » comme argument permettant d’interpréter la tension qui traverse le projet poétique de Haenel. L’analyse suggère quelques raisons supplémentaires pour lesquelles le roman suscite des avis fortement contrastés chez les historiens et les critiques littéraires.
Abstract
Testimony is a speech act and a narrative act. When analysed from the perspective of enunciation, more precisely reception, it appears that the proper name of the witness is most important. Using the example of Yannick Haenel’s novel, Jan Karski, the article outlines the characteristics of the name ‘Jan Karski’ that has a plural reference. It is a personal name as well as ‘a signature’—the name of the author who signs a couple of testimonial narratives. Moreover, the name ‘Jan Karski’ is associated with the author’s own convictions—but voiced as a first-person protagonist’s monologue. I consider the name of a witness as an ‘author’s name’ and this connection explains the tensions which inhabit Haenel’s narrative project. The paper brings forward some more points that explain the ambivalent reading of the novel by historians and literary critics.